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@ Cat : Chic, un rayon de Soleil ! J'ai eu des nouvelles fort amicales de ton jules en mail et ça fait plaisir de te voir repasser la tête par ici ! D'autant que moi, contrairement à Louis pour son public, je ne vois pas mes lecteurs, donc j'oublie presque qu'ils existent. Ça m'est donc utile que tu me le rappelles et je suis touché de ta fidélité de lectrice.

Cela dit, je comprends ton émoi. La façon dont les extrémistes de l'antisarkozysme jouent sur la peur et l'outrance est glaçante et anti-démocratique. Comme dans cette contrib anonyme de 2h46, on cherche à solliciter les ressorts les plus bas de l'émotion humaine, on te titille le cerveau reptilien pour éteindre un peu le cerveau analytique et susciter un réflexe de peur et de dégoût réflexe, pavlovienne, chez toi et les autres. Ça marche un peu, évidemment, la preuve.

Mais c'est tout le contraire d'un signe de supériorité morale, bien entendu.

Quant à ton vote, je préfèrerais que tu ne t'abstiennes pas. Le vote est le moment clé du rôle de citoyen ; moralement, celui-ci ne doit pas, ne peut pas s'en abstraire. Si le choix est difficile, il faut tout de même faire un choix, fut-il du moindre mal. Tu connais mon point de vue : je trouve que tu n'as pas lieu de trop te plaindre, les deux candidats ont des qualités, la campagne a été très intéressantes. Il ne faudrait pas trop faire la fine bouche quand la démocratie fonctionne bien comme c'est le cas ici.

Moi aussi, je me suis vaguement demandé si le risque de "la rue contre Sarko" justifiait qu'on en préservât le pays, dût-on voter contre son intention première. Assez rapidement, ça ne m'a pas paru très honorable comme attitude.

Vote pour celui avec lequel tu sens que ton coeur a un élan, au moins petit. Te connaissant, je n'imagine pas que le coeur puisse être totalement atone en cet instant.

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@ Nyto : Je t'en prie ! Et tu me parles de coeur, toi aussi, hein ? Et de connaissance, c'est bien. Ça me rappelle il y a quelques années, quand Louis a décidé de lire "Courrier International" parce que tout de même, il fallait bien commencer à s'intéresser à la politique autour de la quarantaine !

Bref, je peux t'assurer que dans le cours de mes lectures et documentations, je n'ai jamais noté que d'en savoir plus m'amputait d'une partie de l'organe des sentiments. En rien. Chaque parcelle de connaissance supplémentaire nous donne plus de capacité, de moyens. Ne pas oublier son projet, son idéal, son coeur est un impératif qui réclame une attention constante, mais l'acquisition de connaissances est un devoir parallèle qui sert ce projet plutôt que de le mettre en danger.

Il y a eu quand meme quelques exemples dans l'histoire qui montrent que la volonté d'imposer sa vérité pouvait conduire à un fanatisme. Hitler, par exemple a voulu imposer sa vérité comme quoi la race aryenne était supérieure à toutes les autres et il a plutot réussi, au moins en Allemagne en rassemblant derriere lui la majorité de son peuple. Sa vérité est devenue la vérité du peuple allemand avec l'adhésion de la masse.

Quand je parle de vérité individuelle, j'englobe aussi la vérité d'un groupe (j'aurais peut etre plutot dû parler de vérité particuliere, en opposition a la vérité "universelle"). Si l'on prend l'exemple des sectes, c'est la vérité du groupe qui contraint les membres à se retirer de la vie publique et à rejeter la vérité d'ensemble.

Ça prend un temps fou, 2 à 3 heures les jours où je poste (et je dois le payer en temps manquant pour d'autres activités), mais ça s'explique parce que c'est une activité primordiale, prioritaire pour moi, une de celles où je suis le plus pleinement engagé.

Pour s'y livrer, il faut développer ses connaissances et son maniement du langage, donc je me suis vraiment beaucoup consacré à ces deux pratiques, et ça s'auto-entretient, comme un entraînement physique. Plus je passe de temps à réfléchir et à essayer d'exprimer "dans la vérité" ce que ça m'inspire, et plus ça progresse.

Denis observe que c'est tout de même exigeant comme discipline que je m'impose et que je peux difficilement demander aux autres de s'engager autant là-dedans. Ça n'est pas faux. De temps en temps, ça me frustre de ne pas toujours avoir d'échos assez consistants et je maugrée un peu, mais je suis tout de même très satisfait de pouvoir m'exprimer très complètement ici. Je peux vraiment me consacrer à ce travail et inviter les autres à en faire avec moi.

Merci aussi d'avoir rebondi avec d'intéressantes références sur la question de la vérité. La définition tirée de ton cours de philo ("la vérité c'est l'adéquation entre la chose et la pensée") rejoint la conclusion que je tire de ma propre investigation et que je résumais hier.

En revanche, je suis moins d'accord avec ton premier point : ce n'est pas la vérité individuelle (l'adéquation entre ce que l'on pense/dit/fait et ce que l'on est/veut) qui entraîne les dérives vers le fanatisme mais au contraire la Vérité à prétention trop (ou trop sommairement considérée comme) universelle. Ou encore (ça coïncide à peu près) l'hétérénomie. Ce mot peu usité signifie le contraire de l'autonomie. Il correspond au point de vue "Ce n'est pas principalement moi qui détermine mon sort, mon sort dépend d'un phénomène supérieur qui m'est extérieur". J'ai assez écrit aujourd'hui pour ne pas poursuivre, mais on distingue en quoi un tel postulat de départ hétéronome peut amener aisément au fanatisme.

Si tu veux évoquer la dérive, le danger possible de la vérité individuelle, je dirais plutôt que c'est "l'illumination" excessive, la mégalomanie individuelle. Ou au contraire, si la quête échoue, l'anomie (plus de "nomie", de fondation du tout, ni "auto", ni "hétéro"), l'effondrement de l'être.

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@ Denis : Désolé, mais je suis tellement bavard que les 3h d'aujourd'hui me suffisent ! Demain, peut-être ? You're welcome pour la balise, je l'ai fait pour toi, mais pour moi aussi pour mieux te lire.

Les "goûts et les couleurs" dont tu parles ont certainement à voir avec le vote qu'on pense faire dimanche prochaine, ça n'est pas anormal. Rachida Dati accède à la lumière comme porte-parole de Nicolas Sarkozy en campagne, donc selon qu'on envisage de voter NS ou SR, ça va compter beaucoup dans ce qu'on va penser d'elle pour le moment.

Si NS est élu, il est plus que probable qu'on aura d'autres occasions de la voir -- s'il est battu aussi, d'ailleurs. Mais en cas de victoire, il y a de bonnes chances qu'elle soit ministre. D'un "petit" ministère ou d'un plus important ? Difficile de se mettre dans la tête de Sarko, mais il me semble que le plus beau coup à jouer, ce serait de nommer Rachida ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale. La gueule et le symbole fort que ça aurait ! Comme le disait Coco, c'est un "pur produit" de la République, un exemple de parcours volontaire et méritant. (http://www.nouveleconomiste.fr/Portraits/1362-Dati.html">Ici, son portrait par le Nouvel Economiste.) Une beurette devenue l'image de la femme française et figure de proue de l'identité nationale, ça pourrait dégager fort à plusieurs niveaux, il me semble !

NB pour Feinte-Ô-Masses : Je suis aussi sous le charme de Ségo, ça n'empêche pas, il suffit de ne pas être trop sectariste. Elle est fort belle, radieuse, de plus en plus sûre d'elle. Si elle est élue, la suite vaudra le coup d'oeil.

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2 - Sur l'économie

Merci à toi, Nyto, d'avoir pris le temps de faire une contribution consistente sur le thème de l'économie. Ton premier paragraphe résume bien les aspects du problème et en laisse entrevoir la complexité. Ma réponse : non, désolé, on ne peut pas appliquer le "principe de la vis de richesse" (savoureuse, cette référence à la "richesse" ! ) du karting. Tu évoques un problème où il y a juste UN critère important (selon ta description), la richesse en essence du carburant. En plus, c'est un exemple de système fermé -- tous les éléments du système "kart" ont été conçus pour fonctionner ensemble de façon rationnelle. L'économie de la société humaine d'aujourd'hui, c'est quasiment l'opposé, une conjonction de facteurs qui est probablement une des plus complexes qui soient, avec 6,5 milliards d'acteurs, des principes pas entièrement rationnels parce que l'économie est consubstantiellement liée à des facteurs humains, etc.

Et donc, il y a beaucoup plus lieu d'essayer patiemment de comprendre cette complexité que d'en revenir à des recettes de "bon sens" qui ne peuvent pas être efficaces parce que pas en rapport avec cette complexité. Une femme de Charleville-Mézières interrogée hier par LCP disait, en allant encore plus loin dans la simplicité que toi, "Et si on supprimait toutes les charges sur le travail, ce serait pas une bonne idée ?" En disant cela, on ne tient aucun compte du fonctionnement global du système, du financement de la sécurité sociale, etc.

Elle disait aussi, un peu comme toi et comme pas mal de gens, "les politiques ne se rendent pas compte de ce qu'est notre vie". Ben si, bien sûr qu'ils s'en rendent compte ; bon, ils ne la vivent pas, cette vie difficile, mais chacun ses problèmes à résoudre. En fait, il y a un gros blocage de la société française dans sa vision d'elle-même. Tout le monde participe peu ou prou de ce blocage, les politiciens, le peuple, les intellectuels, etc. On n'arrive pas à décoller de la nostalgie des Trente Glorieuses, du principe généreux (mais peu propice à l'autonomie individuelle) de l'Etat providence. Les syndicats français n'arrivent pas à construire efficacement pour les travailleurs qu'ils représentent, ils restent bloqués dans un modèle 1ère moitié du XXe siècle, très défensif, très lutte des classes.

Ce blocage est d'autant plus exacerbé qu'un pays ne peut plus prendre de mesures économiques dirigistes parce que son économie n'est plus autonome. Un des phénomènes qui accompagnent l'unification historique (=évolution logique et inéluctable sur plusieurs siècles) du monde, c'est une interdépendance croissante des pays et de leurs économies. Nous achetons la moitié de nos produits aux autres pays et ils nous achètent la moitié de notre production (je dis "la moitié" complètement à vue de nez, hein, pas le temps de vérifier).

Nous sommes en interdépendance et -- plus délicat -- en concurrence. L'économiste Betbèze disait hier sur LCP ("Le Temps de Choisir") que dans ce contexte de concurrence et d'interdépendance, une mesure dirigiste et nationale comme les 35 heures, ça équivalait à dire "Bon, nous on a décidé de travailler moins et que chaque heure travaillée sera payée plus" et que c'était totalement logique que ce déficit en travail et ce renchérissement du travail soit comblé par des travailleurs ou du travail qui viennent d'ailleurs et pour moins cher.

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En fait, ce qui ne va pas chez nous est tout de même assez simple à appréhender : le monde fonctionne de façon de plus en plus fluide, dynamique, évolutive. Et nous restons pour l'instant coincé dans des structures et des modes de pensée statiques d'avant. Du côté du travail, il faut plus de fluidité, de flexibilité, d'adaptation à la demande.

Ça file une lourde nostalgie et une peur panique au pays. On veut aller se cacher sous les couvertures, on demande à être protégé de tout ça. Mais un certain niveau de protection, souhaitable, ne sera jamais à la hauteur des attentes actuelles. Il faut au contraire que tous ceux qui le peuvent se retroussent plus les manches que ça n'a été le cas jusqu'ici et qu'on attaque ces chantiers "ensemble".

Moi, dans cette conjoncture, dans cette époque, pour mon cas personnel, j'ai voulu au contraire rejeter les protections, aller en première ligne affronter la bête. Pour trois raisons, 1) la connaissance, comprendre comment ça marche, être au plus près du fonctionnement économique, sans tampon brouilleur entre moi et mon marché ; 2) ma contribution perso à s'en prendre plein la gueule, puisqu'on est dans une époque où on c'est dur pour nous pays occidentaux et où il est indispensable que chacun prenne plus de part de risques pour que nous nous en tirions bien ; 3) acquérir plus d'autonomie, avoir plus prise moi-même sur mon propre sort.

Et d'ailleurs, j'en prends plein la gueule, c'est dur, ça fait bien longtemps que je vis moins bien que mes parents, et même moins bien que moi-même il y a 20 ans. Mais ça va, il n'y a pas lieu de trop se plaindre non plus, c'est les vacances qui morflent et on a un jardin. Et puis de toute façon, Al-lez !, faut y aller, c'est ça l'esprit et ça maintient en bonne santé. [PS : Et pour être complet : ce statut hardi m'a aussi apporté de la connaissance et plus d'autonomie - CQFD sur les 3 points]

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Les Français sont extrêmement rétifs à ces réalités, mais en même temps nous ne sommes pas bêtes et les esprits évoluent. Nous sommes un pays attaché aux grandes idées, aux valeurs abstraites et nobles, mais nous sommes en train de comprendre que c'est le pragmatisme qui nous sauvera. Dans les micro-trottoirs, on entend de plus en plus les gens dire, "Bon, allez, maintenant, il faudrait gouverner la France comme une entreprise". C'est-à-dire de façon plus rationnelle et moins émotionnelle/idéologique et surtout de façon efficace, parce que ça suffit les discours des uns et des autres et la qualité de vie qui se dégrade.

Les jeunes les moins défavorisés et les forces de gauche peuvent toujours défiler joyeusement à un million contre le CPE, c'est vers ces solutions-là qu'il faut aller pour débloquer l'économie et le travail en France. En quittant cet ancien modèle qui postule pour l'éternité une inégalité entre employeur et employé et qui postule donc la nécessité de rendre la relation de travail inégale par compensation, on endosse certainement plus de risques, mais on coupe aussi le cordon ombilical qui empêche d'accéder à la dignité de l'homme plus libre et autonome.

Ces déblocages de la vision du travail en France, c'est évidemment Nicolas Sarkozy qui en porte le projet le plus explicitement, même si Royal et Bayrou ont assez bien analysé la situation aussi. Cette "libération des forces de travail", c'est le coeur du projet de NS et c'est principalement pour cela qu'il va recueillir mon adhésion sauf gros imprévu.

Après, il restera à voir si NS joue bien la suite, et à quel rythme le peuple veut avancer dans ces réformes.

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Tout ceci dit, il n'y a pas lieu non plus de trop s'affoler et désespérer. Le peuple français est tout de même un grand peuple plein de qualités. Souvent, nous traînons les pieds pour évoluer, nous sommes attachés à l'ordre établi. Mais quand nous nous décidons finalement à accepter un nouveau phénomène, un nouveau mode de fonctionnement, nous sommes ensuite souvent très efficaces et acquis au nouveau phénomène.