Tu t'appuyais sur un commentaire d'Eric pour m'interpeller, mais Eric ne parlait pas du voyage en yacht, c'était juste des gros clichés -- sincères peut-être mais gros clichés quand même -- sur les 2 bouts de l'échelle des richesses, le malheureux qui travaille à un boulot chiant pour pas un rond et le gros pédégé profiteur à la Forgeard (non qu'ils le soient tous, mais celui-là, c'est sûr, d'autant qu'il a foutu une belle merde tout le temps où il était à EADS). C'était conclu "élégamment" en invectivant les supposés "mecs et nanas qui ne voient que leurs petits bénéfices".

Bref, c'était un gros ramassis de commentaires poujadistes qui n'honorent pas leur auteur, je n'étais pas parti pour lui en faire grief, j'ai fait un commentaire mesuré, mais puisque tu as rebondi sur lui et que pour que je te réponde, je suis obligé de relire tout en détail, ton post, le sien, le mien, je le refais en "version originale non expurgée".

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Venons-en à ton propos. Je suis d'accord avec les termes "a minima" de ta première contrib, ce voyage en yacht est "maladroit", mais il n'y a pas non plus lieu d'en faire des tonnes. Il paraît qu'il devait partir en Corse et que le dimanche soir, au Fouquet, Bolloré lui a proposé le grand jeu Falcon/Malte/Yacht. Tu viens d'être élu président, tu n'as pas débandé pendant 6 mois de tension, tu dors 4-5 heures par nuit toutes les nuits, tu te demandes si on va te laisser tranquille en Corse alors que maintenant, c'est le régime 10 voitures, 20 motos et 30 paparazzi qui te chassent systématiquement où que tu ailles... on te propose 3 jours de luxe et après, ce sera boulot à fond et emmerdes possibles à foison pendant un an. OK, tu craques et il s'avère que médiatiquement, c'est un peu une boulette. Mais moi, j'aurais tendance à penser qu'il les a mérités, ses 3 malheureux jours de luxe. Pour le reste, il sera maintenant certainement plus difficile à Bolloré de rechercher une faveur, si tant est qu'il ait eu l'intention de demander quelque chose en échange de ses 3 jours de luxe, ce qui n'est pas établi.

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Sur l'autre aspect de la question, si tu n'es pas fermé à l'idée que le Sarko pourrait "réformer utilement le pays", ce n'est pas à moi de t'en convaincre, ce sera à lui. Moi, je suis sensible aux qualités du garçon et à la détermination qui l'anime depuis tout jeune. Les hommes et femmes publics dont on a l'impression qu'ils ont maîtrisé leur destin, qu'ils se sont fixés un cap et qu'ils l'ont atteint exercent une certaine fascination sur nous parce qu'ils nous donnent l'exemple que "c'est possible" potentiellement pour chacun de nous. Quand c'est un engagement politique, certains considèrent que c'est plus suspect, moi je considère que c'est plus noble (que par exemple la réussite dans les affaires, dans le show-business, etc.). Mitterrand était déjà fascinant pour ça, Sarko fait assez fort dans le genre.

Je lui trouve un sens politique extrêmement développé, tant pour sentir où en est le pays et ce qu'on peut lui proposer que pour conduire sa stratégie de conquête du pouvoir, ses alliances, etc. Là encore, au risque d'en choquer certains, je dirais que c'est du niveau de Mitterrand , voire un peu supérieur.

C'est un grand showman qui a un drôle de charisme qui en électrise certains et qui en effrayent d'autres. Dans l'éloquence, la gestuelle, la mise en scène, c'est supérieur à ce qu'on a vu depuis longtemps, en fait depuis... oui, c'est ça, depuis Mitterrand, hé hé.

Cela dit, c'est aussi un grand excité -- Ah, là, c'est une vrai différence avec "Tonton" --, donc il peut toujours faire des conneries ; moi aussi j'attends de voir le concret, hein. Cela dit, dans le cadre de sa bonne conduite de campagne, il s'est plutôt montré de plus en plus maîtrisé, notamment lors du débat. Et son discours de dimanche soir était politiquement assez remarquable, notamment dans l'ouverture tout de suite sur l'international, l'Europe, l'Afrique, l'Amérique.

Un bon point pour dimanche soir, un demi-mauvais point pour l'épisode Yacht, mais c'est à partir de la semaine prochaine que ça va être plus intéressant.

PS : j'ajoute qu'il a pu m'arriver de voter pour des gens plus à gauche que mes idées et que ça ne me gêne pas de voter pour un mec plus à droite que mes idées puisque je juge qu'il est vraiment mieux préparé à la fonction que n'importe quel autre de ses concurrents et que les différences effectives entre les politiques de centre gauche et de centre droit qui ont été menées alternativement depuis 35 ans ne sont pas radicales.

Ça va, tu te sens moins négligé, là ?

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