Pour ce qui est du paternalisme, je pensais plutot à ces patrons qui connaissaient chacuns de leurs employés, qui prenaient le temps de discuter avec eux, de faire les choses avec un minimum d'humanité, d'humilité

Donner un sens à ma vie, élever mon fils, garder mon couple intact est deja une grande entreprise en soi qui genere en profit que du bonheur

Pis j'ai pas envie de me lancer dans le business car me connaissant j'ai trop peur d'etre tres bon à ce p'tit jeu là...

Hé ho !!! Ceci était du Cynisme ! Les gars !

Mais c'est tout de même le message général qui est le plus important : comme l'a opportunément rappelé Laurette, c'est l'entreprise qui crée le travail, et elle seule. (Les emplois publics sont financés par les impôts et taxes prélevés principalement sur les revenus du travail des entreprises et des individus ; ils constituent donc du travail "secondaire", dépendant de l'existence d'un travail primaire imposable.)

C'est l'entreprise qui crée le travail, mais les conditions de création d'emplois et les relations de travail, dans notre pays, sont restées bloquées à un schéma relevant du siècle passé et ont un urgent besoin d'être rénovées pour que plus d'emplois soient créés.

Je me suis déjà appuyé sur mon propre exemple pour illustrer cette situation, souffrez que j'en remette une petite couche parce qu'il me semble que c'est assez parlant et simple à comprendre.

Je suis traducteur indépendant depuis 19 ans. Je n'ai jamais embauché et pourtant j'aurais plutôt vocation à le faire : j'ai des marchés, une notoriété, de l'expérience, j'ai une fibre pédagogue et je pourrais excellemment compléter la formation d'un jeune traducteur. Ou de deux, ou de plus encore. Mais c'est hors de question en raison du déséquilibre assez incroyable que prévoit la législation du travail entre les droits des salariés et ceux des employeurs. Pourquoi est-ce que, si j'embauche un jeune, lui ou elle a le droit de me quitter quand il veut (par exemple juste après que j'ai complété sa formation), sans particulièrement me fournir de raison, et pourquoi suis-je censé l'employer aussi longtemps qu'il ou elle le veut sans disposer du même droit de séparation ?

Je ne suis pas en train de proner une révolution "de droite" ou quoi que ce soit de cet ordre, hein, ça fait 19 ans que je n'embauche pas et si rien ne change, je n'embaucherai pas plus et je continuerai à m'occuper juste de mon emploi à moi sans faire de révolution ; je donne juste un exemple facilement compréhensible pour faire réfléchir sur ce que c'est que l'entreprise, le travail, l'emploi, le contrat et les obligations des deux parties, etc.

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@ Nyto : Je me permets, cher Nyto, de discuter ton "impression de l'époque", même après ta rectification. Des gens qui ne pensent "qu'au profit", je crois qu'il y en a toujours eu et qu'il n'y en a pas spécialement plus aujourd'hui. Ce qui a surtout changé aujourd'hui, c'est qu'on n'est plus dans la période de croissance soutenue qu'on a justement appelé les "Trente Glorieuses", qu'il y a 2 fois plus d'individus sur Terre et que tout va plus vite, pour des raisons qu'on peut analyser une autre fois.

Il est presque incroyable que tu évoques l'époque du "paternalisme" avec des regrets attendris. Le paternalisme, c'est OK, mais c'était quand même un palliatif à l'absence de droit, de lois. C'était l'aumone -- bienveillante et louable, c'est entendu mais aumone quand même -- accordée de façon totalement arbitraire par un puissant à des gens de condition inférieure. Et c'est ça que tu regrettes ?!

Je l'ai déjà dit : ton discours comme d'autres qui lui ressemblent semble accepter comme précepte de départ l'inégalité entre les gens. Dans ton discours, on a l'impression qu'il y a des gens qui peuvent créer du travail, une entreprise, mais que c'est une caste à laquelle tu es étranger. Toi, tu te vois comme quelqu'un appartenant à une autre catégorie, celle de ceux qui ne peuvent pas créer leur travail, leur entreprise, des gens qui seraient intrinsèquement voués (mais par qui, par quoi, exactement ?) à être des salariés dépendants, point.

C'est précisément un des aspects majeurs de notre problème en France. C'est rigolo et en même temps assez absurde : ceux qui se présentent comme ayant le plus à coeur d'améliorer la condition de tous et notamment des moins favorisés ont un discours qui, en réalité, perpétue l'image d'un assujetissement, d'une subordination dont on a l'impression qu'elle est inéluctable.

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Mais tout de même, on peut avoir le sentiment que cette "mise à jour" longtemps remise de la vision du travail (et du pouvoir de chacun sur sa propre vie) commence à faire son chemin dans nos esprits et c'est déjà un début. D'ailleurs, ici même, en matière de témoignages, ça commence à bien fuser. Ainsi, Ptitgillou, je suis ravi de découvrir le projet d'entreprise auquel ta femme et toi êtes en train de réfléchir, bravo ! Et mes chaleureuses félicitations à Laurette -- on est vraiment en plein dans le sujet, l'émancipation de soi, la conquête de sa liberté/dignité, chapeau bas ! Et aussi à Nono qui a dû donner un max pendant 3 ans qu'il a tenu son bar-musique "Les 66 Heures", et à Iza, qui témoigne et renseigne sur l'acquis de son expérience !

Chapeau bas, parce qu'il en faut du courage, dans les conditions actuelles, pour fonder une entreprise et embaucher. Moi, j'en ai eu pour créer et maintenir mon propre emploi, mais pas suffisamment pour embaucher et donc prendre en charge la responsabilité du travail annuel d'autres personnes.

Comme l'a bien rappelé Louis, une vérité intangible qui cherche à être à nouveau mieux entendue de nos jours, c'est "On n'a rien sans rien". C'est valable pour chacun de nous individuellement. Mais collectivement, il y a aussi des choses à changer, il y a mieux à faire. Cette responsabilité du travail de chacun, le risque de la création d'entreprise, le risque commercial dans un monde en ce moment très concurrentiel (parce que nous sommes 6,5 milliards), etc., il faut mieux les partager.

Ce sera sans doute l'objet d'une évolution dans les décennies à venir. En attendant, que ceux qui sont déjà prêts à la mise à jour de leur logiciel n'hésitent pas -- comme Ptitgillou, par exemple -- à sauter le pas et à entraîner les autres.