Gnac of the day
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Le 30/11/2007 à 17h33 (213.151.***.***)
- Foxy -
Montage en épingle en cascade

Le "montage en épingle" est parfois justifié (Ingrid est un symbole, (vivant ?) ... parfois non.

Soit disant, ainsi le ponctuel cassage de Mitsouko (pour 2 ou 3 mots pas orthodoxes) => le saccage de la gauche (notamment par les musiciens "repentis") => le triomphe de la droite (donc de sarko) "CQFD" (bon sang mais c'est bien sûr" ... et sur option => mise en épingle des immigrés de la 25ème génération ... si on tient bon)
... Noir sur blanc, c'est tellement plus simple !
C'est comme de considérer la poésie comme un genre de folie ... (le duo est "barge", c'est de notoriété publique).

Mais, voyez-vous, pour mon père, Marianne est un journal "de gauche" (alors que, si on le lit, c'est le plus acharné contre le PS, depuis les élections). Et Léo Ferré, mis sur un piedestal par Fred à longueur d'interview, n'a JAMAIS été "de droite"... Pas si simple.

En fait, on "casse" (parfois en voulant les "soutenir" ... cruel paradoxe) les Rita :
1/ parce qu'ils ont refusé, une fois de plus, de rentrer dans des polémiques essentiellement journalistiques ("À moins que la proximité de la mort ne les ait convaincus qu'il n'y avait que du temps à perdre avec ceux qui les avaient condamnés par avance." dans le dernier édito du journal sus-cité ...)

2/ Et je crois surtout que c'est parce qu'ils sont "spontanés" qu'ils dé-rangent (ils ne respectent pas les étagères, même mort Fred fout le souk !) ...

("mais dans l’ensemble, c’étaient des assemblages d’éléments de l’air du temps. Et je trouve que presque toute la musique actuelle n’est que ça ! J’entends très peu de choses spontanées, qui jaillissent d’une vision personnelle." comme dit Fred, et aussi parce que le groove fait peur aux cartésiens ... "parce qu’on ne trouvait pas de Français qui « groovaient » comme on le souhaitait" (id.)

Le 30/11/2007 à 16h35 (82.126.***.***)
-
Si on se met à comparer la misère on n'est pas sortis de l'auberge. Pour moi, elle est fortement symbolique, Ingrid, parce qu'elle se retrouve dans cette merde à cause de son action politique, de ses idées, de ce qu'elle porte. Je la place sur la même échelle qu'un Gandhi, un Luther King, une Aung San Suu Kyi. En plus, c'est une femme. Si aucune vie ne vaut plus qu'une autre vie, certaines vies sont indiscutablement plus retentissantes et hors du commun.

Le 30/11/2007 à 15h43 (82.245.***.**)
Daniel -
C'est tant mieux pour elle et sa famille! Le truc c'est que c'est quand meme une goutte d'eau dans l'ocean de la misere, a-t-elle plus d'importance qu'un petit Nord-Coréen qui creve de faim ou n'importe quel humain qui est en mauvaise posture? J'en doute...mais ce serait bien qu'elle retrouve les siens.

Le 30/11/2007 à 12h00 (82.126.***.***)
-
Heureuse nouvelle... Mais dans quel état ils l'ont mise !

Le 30/11/2007 à 11h07 (194.206.***.*)
ingrid betancourt -
http://www.lematin.ch/pages/home/actu/monde/actu_monde__1?contenu=334563

Le 30/11/2007 à 10h10 (82.126.***.***)
-
Ingrid est morte de chagrin, dans sa forêt, loin de ses gosses... J'y crois plus.

Le 30/11/2007 à 09h58 (82.253.***.***)
Ludo - @Nebo
Calme Nebo, ZEN...

Le 30/11/2007 à 01h13 (90.35.**.**)
nyto - @ Nebo
Parceque les quadras comme toi et moi sommes revenus de tout et notre honneté intellectuelle fait qu'on crie haut et fort que croire qu'il faut absolument etre de gauche pour faire l'artiste est une hérésie, voir le role de sa vie pour un mec de droite

Si c'était aussi simple, Ingrid sortirait de la foret avec ses nouveaux gosses et son nouveau mari, mais ça, c'est trop compliqué pour les enfants du rock ...allez, j'y retourne, Louis est live in Berlin à la téloche avec son ancien groupe...a la revoyure

Le 29/11/2007 à 23h26 (83.112.***.**)
Nebo -
Ce qui n'a pas plu ce sont des passages de ce type :

"C’était l’époque du grand métissage, et on a commencé a mélanger un peu tout. Ça n’a rien donné. Ce n’est pas parce qu’on met un bassiste de funk, une guitare acoustique et un batteur chinois que c’est forcément plus intéressant. On y a juste perdu la pêche qu’on avait aux débuts des années 80. On s‘est fait piéger par le musicalement correct français."

"j’ai retrouvé ce que j’aimais profondément : la musique occidentale, tout bêtement. Pendant des années, je m’en suis éloigné. C’est toujours intéressant intellectuellement d’explorer, de chercher ailleurs, mais au niveau du résultat artistique, ça l’est assez peu."

"C’est dur d’aller contre la société dans laquelle on vit. Surtout quand on fait de la musique. Les ambiances dans lesquelles on baigne nous imprègnent forcément. Il faut accomplir un effort considérable pour faire un retour sur soi-même et revenir aux choses essentielles. C’est tout l’inverse du message ambiant de l’échange, du brassage, de l’écoute de l’autre qui, artistiquement, dilue tout. Il faut arrêter avec l’intellectualisme et revenir au physique."

"mon père était un communiste fou de westerns. Il était critique de cinéma mais, à cause de ses convictions, il voyait des westerns en cachette. Parce qu'officiellement il fallait détester le western américain, pur produit de l'idéologie impérialiste US. Quand on va voir des westerns avec son père en douce, comme si c'était un crime, on a vite un peu de mal avec le communisme. Sinon, mon père fréquentait les situationnistes, j'ai lu Marx, Aron, etc. Autant dire que j'ai appris le nihilisme et cette culture de se construire dans la haine de ce que l'on est. Tout ce qui n'était pas blanc était formidable, tout ce qui était blanc était mal. J'ai été élevé là-dedans. Il fallait admirer les Black Panthers. Toute la musique que j'aimais était honnie, jugée décadente, impérialiste."

"Le rock original est devenu le twist, le rap est devenu le rap à l'eau, ou le rap débilo-facho primaire. Je suis un fan du rap US de la première heure, celui qui avait autre chose à dire que « bande d'enculés, on veut plus de sous ! »."

"De toute façon, en France, il y a qui ? Philippe Katerine, Rachid Taha, et puis Etienne Daho. Ils font ce qu'ils disent et ce qu'ils veulent. Ils ont tout mon respect. Mais Manu Chao, non, par exemple. Ce n'est pas un musicien. C'est un politique. Comme Renaud. Ils prennent la musique en otage pour faire du militantisme. La musique, c'est un paillasson sur lequel ils s'essuient les pieds. Derrière, je n'entends qu'une bande de suiveurs qui se préoccupent de préserver leur pré carré. La musique, c'est un vrai travail et c'est dur. Mais en France, on ne travaille pas, on se contente d'un tout petit niveau musical. Je trouve terrible qu'on accorde moins de crédit à Daho qu'à des types comme Doc Gynéco ou Joey Starr.

Le journaleux : Vous avez pourtant fait un duo avec Gynéco, non ?

Fred Chichin : Ah, oui, bien sûr, quelle créativité ! « Ah si j'étais riche, lalalalalala. » Le discours d'un Gynéco peut se résumer ainsi : « Si j'étais riche, je m'achèterais une Porsche et je t'emmerderais, bâtard. » Je les connais bien ces types, j'ai travaillé avec eux. Je suis resté deux mois avec une quarantaine de rappeurs. C'est édifiant sur le niveau et la mentalité… Le rap a fait énormément de mal à la scène musicale française. C'est une véritable catastrophe, un gouffre culturel. La pauvreté de l'idéologie que ça véhicule : la violence, le racisme anti-Blancs, antioccidental, antifemmes… C'est affreux."

"Léo Ferré devrait être reconnu comme un monument culturel. Eh bien non. En France, on préférera toujours Renaud. Ferré est haï, c'est normal, car personne ne détestait plus que lui l'establishment. Et l'establishment le lui rend bien. Renaud, lui, il a tout bon : il est antiaméricain, il est contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre. Il suffit d'aussi peu pour toucher un maximum de gens en France."

Et à propos des restos du Coeur... :

"On sert juste d'alibis culturels, de garants de crédibilité. Même aux Restos du cœur, ils ont joué une chanson des Rita. C'est pareil. Ça la fout mal si on n'y figure pas. Pour eux, ça donne une illusion d'ouverture. C'est toujours un peu de crédibilité de gagnée. Mais je ne suis pas naïf. Je connais toutes les combines, toutes les manipulations."

Voilà... la bien pensance en est toute chamboulée... parce qu'un artiste de nos jours doit être de Gôche... ou ne pas être du tout. Être plutôt rien.

Voyez ce bel article aussi, qui met les points sur les "i"... Là : http://www.legraindesable.com/html/rita-mitsouko.htm">ICI... le bel article sur le site du "Grain de Sable"

D'ailleurs... de plus en plus d'artistes se réveillent et n'en pensent pas moins... mais ils n'osent pas dire toujours les choses... sont tenus par les couilles... font amende honorable envers le système... histoire de ne pas cracher dans la soupe idéologique qui les fait bouffer... pourtant, ceux qui ouvrent progressivement les yeux, selon des bifurcations qui leurs sont propres, ce sont des personnes sympathiques, tolérantes, gentilles... mais qui ne veulent pas tolérer n'importe quoi, n'importe comment et être sympathiques avec n'importe qui...

Regardez... même Sarkozy, lors de son entretien de ce soir... il dit qu'il combattra l'antisémitisme, le racisme et l'Islamophobie !!! Je me suis demandé ce que venait foutre l'Islamophobie là-dedans ? Parce que l'Islam c'est une Religion et, qu'en France, selon moi, moi-même et je... mais je m'avance peut-être... en France, disais-je, on a parfaitement le droit, bordel, de ne pas aimer l'Islam, d'en avoir peur, d'en pressentir l'expansion dangereuse... bien. Et bien non... il semble de plus en plus que c'est interdit. On peut cracher sur Benoît XVI, sur les juifs et leurs papillottes... mais pas touche à l'Islam... ça commence à me courrir, sérieusement... d'ailleurs ça commence à énerver les gens les plus "Zen", les plus "Cool"... je le remarque de plus en plus autour de moi, sans que pour autant ça ne soit encore passé dans les mentalités visibles, "officielles"... Y'a comme qui dirait une résistance... Y'a une résistance parce qu'à la base, le français est plutôt une personne libertaire au pays des libertins, au pays de la tolérance et de l'hédonisme anarchisant et romantique issus de tout un Corpus qui pèse son poids : chanson de geste et chanson courtoise, Montaigne, La Boétie, Rabelais, les Moralistes français (La Rochefoucauld, le Cardinal de Retz), tout le XVIIIème siècle (Voltaire, Diderot), Rimbaud, Camus, Breton, etc... et puis d'un seul coup il a en face de lui des gens qui non contents de refuser de s'intégrer aux moeurs de la République (alors que contrairement à ce qu'on raconte, en France les moyens de subsitance et de culture sont supérieurs à ceux que l'on trouve dans leurs pays d'origine... en matière d'aides sociales, de locaux, de centres culturels, etc... pour le reste, il suffirait juste d'un peu de bonne volonté...) annoncent qu'ils veulent, à présent, conquérir le pays... et se venger d'une colonisation passée. Alors le français, doté de bon sens, il se gratte de plus en plus la tête... comme le regretté http://www.legraindesable.com/html/rita-mitsouko.htm">Fred Chichin...

Le 29/11/2007 à 21h30 (82.243.***.***)
Nounet - @ Daniel
Ah ok ! Disons que c'est un petit peu moins "Drucker" que d'autres... mais d'accord avec toi.

Le 29/11/2007 à 17h37 (213.151.***.***)
- foxy -
Et si, en d'autres circonstances, je fais de la propagande, (moi aussi "à la papa"), je ne m'en cache pas - des fois que ça t'aurait échapper ces derniers temps je milite pour le groove ... et moi aussi je suis "cassé" ... mais ... "the show must go on" comme on dit, quand il s'agit de créativité ... ) Alors, ' faudrait savoir : je me réveille ou je me rendors ?

Le 29/11/2007 à 16h07 (213.151.***.***)
- foxy -
j'ai jamais dit que les propagandistes s'étaient réveillé hier ... J'ai juste envie d'un peu de silence pour accompagner Fred et sa famille ...

"... et marche à l'ombre" (R) ... "Poète, vos papiers !?" (L.F.)

Le 29/11/2007 à 15h54 (194.206.***.*)
ivanovitch -
pauvre fox,quand ça t'arrange de faire de la politique et de politiser la zik,là t'as pas un instant d'hésitation,alorsque cette affaire fout le bordel sur la toile et dans les médias depuis le début du mois alors qu'il était pas mort encore.réveille-toi vieux.une journaliste de Marianne a même fait un article pour le casser fred.c'est toi qu'est a la ramasse.

Le 29/11/2007 à 15h22 (213.151.***.***)
- Foxy -
C'est quoi ce kidnapping post-mortem ? A peine l'artiste est débranché que déjà on récupère sa dépouille pour politiser l'affaire (qui a dit "La musique, c'est un paillasson sur lequel ils s'essuient les pieds. " ? Et qui le fait présentement ?)

Ce qui restera pour la postérité ce n'est sûrement pas son engagement politique (présumé), ou son adulation (légitime) de Léo Ferré (politique aussi, mais pas que ...)... (c'est tjrs le danger de valoriser untel en dénigrant tel autre : qu'il apprécie ou pas Renaud ou Manu Chao, en musicien qu'il est, ça n'a aucune incidence. Sauf s'il en avait fait une chanson, comme les Wampas ! Et encore ...)

Ce qui a compté et qui comptera, c'est sa prodigieuse créativité, bordel : les Rita ne parlent que de ça dans l'interview ! (merci à Nebo de l'avoir recopiée, malgré les caractères gras peut être superfétatoires ... mmm je sais lire, et surligner par moi-même)
Ce n'est pas parce qu'il dit que Jo Dassin méritait de passer à la postérité (parce que, un bon pro certifié, reconnu par ses pairs donc) qu'il faut dériver mentalement grave ...

"Ah, oui, bien sûr, quelle créativité ! « Ah si j'étais riche, lalalalalala. » ♪ ♫♪ ♫ "

N.B. La guerre de Sécession est terminée ! (en 1865, cf. les "blancs" pour ou contre les "noirs") ; et la "lutte des classes" calquée sur tout et portnawak, c'était fashion au 19e siècle ...

Le 29/11/2007 à 15h00 (82.245.***.**)
Daniel -
J'entendais par là que je n'ai rien trouvé de bizarre dans ces propos qui puisse soulever une polemique!

Le 29/11/2007 à 10h27 (89.107.***.**)
Nounet - Nebo & Daniel
Ben moi, ca m'a fait plaisir de lire ça. J'apprécie les Rita sans vraiment connaitre dans le détail, donc je trouve que Nebo a bien fait - mais c'est un avis perso qui n'engage que moi.
Merci Nebo

Le 29/11/2007 à 09h35 (90.35.**.**)
nyto -
ben ouais, puisque dans l'imaginaire collectif faut qu'un artiste soit à tout prix de gauche...mais dans la vraie vie, ça marche pas comme ça

Le 29/11/2007 à 09h13 (194.206.***.*)
IVANOVITCH -
suis allé sur la toile.il se trouve que fred se fait chier dessus par pas mal de monde parce qu'aux dires de certains il aurait viré conservateur,soutenant sarko et est devenu pote avec Dantec.

Le 29/11/2007 à 03h09 (213.151.***.***)
"gardien de nuit" -
moi c'est pas que j'aurais admiré les Blacks Panthers, c'est que je ne pourrais pas apprécier la façon dont on les a contrés, aux USA ces années là ... Tandis que les White Panthers (même combat, quasi) avaient MC5 pour séduire les médias ... Une (maigre) protection ...

Le 29/11/2007 à 01h35 (82.245.***.**)
Daniel -
Ben, il n'y a pas de quoi chier une pendule...

Le 28/11/2007 à 22h46 (83.200.**.**)
Nebo - Fred Chichin n'avait pas sa langue dans sa poche..
http://photostrio.free.fr//gallery/pics/big/Fred-.jpg">

Le journaleux : ‘Variéty’ est enfin le disque le plus épuré que vous annonciez depuis toujours.

Catherine Ringer : Peut-être l’urgence nous a-t-elle aidée. Je devais partir en tournée pour un spectacle en Italie et notre label nous a demandé quelques titres inédits. Les morceaux sont sortis avec une facilité déconcertante. Du coup, j’ai annulé la tournée, et c’est reparti ! Ce format pop-rock tout simple nous va bien, il nous donne une liberté tout en nous cadrant bien.

Fred Chichin : On a surtout retrouvé un état d’esprit. Tout au long des années 90, on a été un peu largués. C’était l’époque du grand métissage, et on a commencé a mélanger un peu tout. Ça n’a rien donné. Ce n’est pas parce qu’on met un bassiste de funk, une guitare acoustique et un batteur chinois que c’est forcément plus intéressant. On y a juste perdu la pêche qu’on avait aux débuts des années 80. On s‘est fait piéger par le musicalement correct français.

Le journaleux : Mais ce métissage a commencé dès vos concerts il y a vingt ans, non ?

Fred Chichin : Au départ, on a pris des musiciens américains parce qu’on ne trouvait pas de Français qui « groovaient » comme on le souhaitait. Dès qu’ils swinguaient un peu, c’étaient des jazzmen, ce qu’on ne voulait pas non plus. C’est drôle, les gars avec qui on joue aujourd’hui étaient encore ados à l’époque de ‘C’est comme ça’. Et c’est la première fois que je m’entends bien avec des musiciens français. Malgré le décalage de génération, on a les mêmes racines musicales… Avec eux, j’ai retrouvé ce que j’aimais profondément : la musique occidentale, tout bêtement. Pendant des années, je m’en suis éloigné. C’est toujours intéressant intellectuellement d’explorer, de chercher ailleurs, mais au niveau du résultat artistique, ça l’est assez peu. Quand je repense à tous les bidouillages, les prises de tête pour utiliser tel son tel instrument parce que c’était à la mode. On se retrouvait avec un plat sur lequel on entassait la mayonnaise, le ketchup, trois cornichons… Comme on est pas nuls, il y avait toujours trois bonnes chansons, mais dans l’ensemble, c’étaient des assemblages d’éléments de l’air du temps. Et je trouve que presque toute la musique actuelle n’est que ça ! J’entends très peu de choses spontanées, qui jaillissent d’une vision personnelle.

Le journaleux : Les Rita Mitsouko, groupe des plus singuliers et déterminés, n’ont pas pu résister à la pression ?

Fred Chichin : C’est dur d’aller contre la société dans laquelle on vit. Surtout quand on fait de la musique. Les ambiances dans lesquelles on baigne nous imprègnent forcément. Il faut accomplir un effort considérable pour faire un retour sur soi-même et revenir aux choses essentielles. C’est tout l’inverse du message ambiant de l’échange, du brassage, de l’écoute de l’autre qui, artistiquement, dilue tout. Il faut arrêter avec l’intellectualisme et revenir au physique.

Le journaleux : Ce retour au « physique » symbolise aussi la victoire sur la maladie ?

Fred Chichin : Non. L’hépatite C, c’est une maladie de génération, la mienne. On est nombreux, de mon âge, dans mon milieu, à être passés par là. Mon état d’esprit actuel est beaucoup plus en réaction à l’état musical de la France. Je suis assez remonté et même amer, car j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps, dix ou quinze années.

Le journaleux : Comment s’est faite la rencontre avec Catherine Ringer ?

Catherine Ringer : A une audition pour le spectacle de MarcO’, Flash rouge, en 1980. Fred était guitariste. Il m’a entraînée avec lui, m’a dit qu’on allait faire un groupe. J’en avais jamais fait, je n’étais qu’une interprète. Il m’a proposé : « On essaie pendant un mois. » On a donné des concerts et ça a marché. Il y a eu une part de chance mais aussi beaucoup d’acharnement.

Fred Chichin : Catherine était ce que je cherchais depuis toujours. Une chanteuse. Quand je l’ai trouvée, je savais que c’était bon. En premier, j’avais craqué sur la fille. Il y avait une affiche pour un spectacle avec elle en gros plan. J’ai auditionné pour être musicien, je l’ai vue, elle chantait super bien. Après, il ne me restait plus qu’à lui démontrer que ce qu’elle faisait était nul. Je l’ai donc débauchée. On est partis, les autres ont pleuré mais c’est comme ça : ils étaient mauvais… J’étais fasciné par les chanteuses de rock, j’adorais Jefferson Airplane et Janis Joplin. Il y a toujours une dimension supplémentaire par rapport aux mecs. Mais il y a peu de chanteuses parce que les mecs font peu d’efforts pour cerner, s’accorder à la sensibilité des femmes.

Le journaleux : Votre passion pour la musique remonte à loin ?

Catherine Ringer : J'écoutais de tout quand j'étais une jeunette. Classique, chanson, rock, blues, musiques de films, musiques d'ailleurs. Je n'ai jamais focalisé sur un genre particulier. Ma plus belle émotion musicale, c'était à 12 ans, un concert de Sun Ra, à Saint-Paul-de-Vence. Ça m'avait mise dans un drôle d'état. Après, il y eu James Brown.

Fred Chichin : La musique, c'est ma vie, depuis toujours. Elle m'a sauvé. J'habitais à Aubervilliers, dans une tour qui donnait sur des toits et des usines. J'étais un gamin un peu fantasque, plongé dans Jules Verne. Tout jeune, j'étais confronté à une contradiction flagrante : mon père était un communiste fou de westerns. Il était critique de cinéma mais, à cause de ses convictions, il voyait des westerns en cachette. Parce qu'officiellement il fallait détester le western américain, pur produit de l'idéologie impérialiste US. Quand on va voir des westerns avec son père en douce, comme si c'était un crime, on a vite un peu de mal avec le communisme. Sinon, mon père fréquentait les situationnistes, j'ai lu Marx, Aron, etc. Autant dire que j'ai appris le nihilisme et cette culture de se construire dans la haine de ce que l'on est. Tout ce qui n'était pas blanc était formidable, tout ce qui était blanc était mal. J'ai été élevé là-dedans. Il fallait admirer les Black Panthers. Toute la musique que j'aimais était honnie, jugée décadente, impérialiste. La seule musique admise, c'était ‘Le chant des partisans’. Il fallait toujours que je défende mes goûts, que je me batte pour eux.

Le journaleux : Pour reprendre un de vos titres emblématiques, ‘Y a d'la haine’…

Fred Chichin : Exactement. Notez que ça fait un moment qu'on l'a écrite, cette chanson. Chez les Anglo-Saxons, la haine a toujours été la source du meilleur rock, des Stones aux Stooges. C'est pour ça que le rock n'a jamais marché en France. Du moins, le vrai, l'authentique. Le rock original est devenu le twist, le rap est devenu le rap à l'eau, ou le rap débilo-facho primaire. Je suis un fan du rap US de la première heure, celui qui avait autre chose à dire que « bande d'enculés, on veut plus de sous ! ».

Le journaleux : Pourquoi ce titre d'album, ‘Variéty’ ?

Fred Chichin : ‘Variéty’, ça signifie diversité et non pas soupe uniforme. C'est aussi un clin d'œil à la variété française d'avant, celle d'un Claude François : je ne l'appréciais pas spécialement, mais, comme tout le monde, je l'entendais à la radio. Joe Dassin, aussi. Moi, j'aimais les Beatles ou les Rolling Stones, mais il faut reconnaître que c'était écoutable. Ces types savaient jouer du piano ou de la guitare, chanter. Ils connaissaient leur métier. On a perdu ça, je crois. Cloclo, il a eu du succès parce que c'était un super danseur et il avait un très bon répertoire. Ce n'était pas dur, il pompait le « top 10 » américain de chez Motown. Sauf que, maintenant, j'en connais plein qui pompent tout autant les Américains, le R'n'B et compagnie, et c'est affligeant… De toute façon, en France, il y a qui ? Philippe Katerine, Rachid Taha, et puis Etienne Daho. Ils font ce qu'ils disent et ce qu'ils veulent. Ils ont tout mon respect. Mais Manu Chao, non, par exemple. Ce n'est pas un musicien. C'est un politique. Comme Renaud. Ils prennent la musique en otage pour faire du militantisme. La musique, c'est un paillasson sur lequel ils s'essuient les pieds. Derrière, je n'entends qu'une bande de suiveurs qui se préoccupent de préserver leur pré carré. La musique, c'est un vrai travail et c'est dur. Mais en France, on ne travaille pas, on se contente d'un tout petit niveau musical. Je trouve terrible qu'on accorde moins de crédit à Daho qu'à des types comme Doc Gynéco ou JoeyStarr.

Le journaleux : Vous avez pourtant fait un duo avec Gynéco, non ?

Fred Chichin : Ah, oui, bien sûr, quelle créativité ! « Ah si j'étais riche, lalalalalala. » Le discours d'un Gynéco peut se résumer ainsi : « Si j'étais riche, je m'achèterais une Porsche et je t'emmerderais, bâtard. » Je les connais bien ces types, j'ai travaillé avec eux. Je suis resté deux mois avec une quarantaine de rappeurs. C'est édifiant sur le niveau et la mentalité… Le rap a fait énormément de mal à la scène musicale française. C'est une véritable catastrophe, un gouffre culturel. La pauvreté de l'idéologie que ça véhicule : la violence, le racisme anti-Blancs, antioccidental, antifemmes… C'est affreux.

Le journaleux : Lors de vos concerts avec l'Orchestre Lamoureux, en 2004, Catherine chantait comme on en rêvait depuis longtemps. On a souvent eu l'impression que vous vous l'interdisiez…

Catherine Ringer : C'est possible. C'est pour ça que j'annonce à chaque fois que je vais simplifier… Mais c'est comme lorsqu'on se dit « calmons-nous ! », ça ne veut pas dire qu'on y arrive. On a sa personnalité, son caractère, on a envie de se poser mais ce n'est pas facile. C'est toute une vie de travail de changer sa nature, son instinct. C'est un travail sur soi, et avec les autres surtout.

Fred Chichin : L'Orchestre Lamoureux, ça fait partie de ces aubaines qui vous tombent dessus. Financièrement, on n'aurait jamais pu monter un truc pareil. Ils nous ont invités. C'était l'occasion de faire du Ferré. J'en rêvais depuis des années.

Le journaleux : D'où vient cette passion pour Léo Ferré ?

Fred Chichin : J'ai été subjugué vers l' âge de 14 ans. Ma base, ce sont les Beatles, Léo Ferré et Prokofiev. J'écoutais autant Ferré en boucle que les Beatles. Brassens aussi, mais ce sont les textes de Ferré qui m'ont marqué. Une chanson comme La Solitude, avec cette idée : « Il faut aller laver ce qui nous reste de conscience dans les laveries automatiques », c'est formidable. Il avait tout compris. Si on a vraiment eu un grand artiste dans la musique populaire, un visionnaire, capable de s'exprimer aussi bien seul au piano, avec un groupe de pop électrique ou un grand orchestre, c'est lui. Il composait, écrivait les arrangements et était un immense poète. Léo Ferré devrait être reconnu comme un monument culturel. Eh bien non. En France, on préférera toujours Renaud. Ferré est haï, c'est normal, car personne ne détestait plus que lui l'establishment. Et l'establishment le lui rend bien. Renaud, lui, il a tout bon : il est antiaméricain, il est contre tout ce qui est pour et pour tout ce qui est contre. Il suffit d'aussi peu pour toucher un maximum de gens en France.

Le journaleux : ‘Marcia baila’ ou ‘Les histoires d'A.’ interprétés à la Nouvelle Star, ça vous fait quoi ?

Fred Chichin : Rien à cirer. On sert juste d'alibis culturels, de garants de crédibilité. Même aux Restos du cœur, ils ont joué une chanson des Rita. C'est pareil. Ça la fout mal si on n'y figure pas. Pour eux, ça donne une illusion d'ouverture. C'est toujours un peu de crédibilité de gagnée. Mais je ne suis pas naïf. Je connais toutes les combines, toutes les manipulations.

Le journaleux : Dans le nouvel album, vous chantez sur Rendez-vous avec moi-même : « Ouais très gros chantier / Je suis la singer Ringer, ouais / Très beau chantier / la beautiful belle Ringer »…

Catherine Ringer : Ça part de cette expression : je vais prendre du temps pour moi. Autrefois, certaines femmes faisaient des retraites dans des abbayes pour faire le point. Cette chanson, c'est ça : où est-ce que j'en suis, où vais-je, est-ce que j'ai changé ? Une chanson d'indépendance d'esprit, être face à soi plutôt que toujours en rapport aux autres. Cette chanson, avec ses allitérations « singer / Ringer », je l'ai écrite en anglais d'abord, puis je l'ai traduite. C'est une chanson méthode Coué. On fait tous ça, je crois, à défaut d'entendre les autres vous dire ce que vous aimeriez entendre, on se le dit à soi-même : « Allez vas-y ! T'es la beautiful Ringer, la plus belle ! » Une autoémulation, en somme.

Le journaleux : Une manière de confirmer le message de votre chanson Chères Petites, sur l'album Système D…

Catherine Ringer : Chères Petites parlait de ces gens qui disent aux jeunes que la vie est nulle dès qu'on grandit, qu'il faut profiter de sa jeunesse parce que après tout est horrible. Je dénonce cela. J'ai toujours aimé la vie dans son ensemble. Je n'ai pas peur de la mort. Quel que soit l' âge qu'on a, l'important est qu'on soit là, et ce que l'on en fait. J'ai 50 ans et je suis contente. Une fois qu'on est né, il faut suivre le mouvement ! Ça ne sert à rien de tenter d'arrêter le temps. Rien n'est immuable. La vie, c'est du travail, un effort constant.

Le journaleux : Vous avez toujours beaucoup joué sur votre physique, jusqu'à la provoc parfois…

Catherine Ringer : J'adore le spectacle, me montrer. Je suis comme Rufus, quand il venait au Café de la Gare, tout timide avec sa valise, en demandant : « C'est ici pour se montrer ? » les artistes qui choisissent d'œuvrer dans le rock aiment faire des choses marrantes. On fait ce métier pour prendre des libertés, changer au gré de son humeur. On est notre propre patron, c'est fondamental. La beauté d'une personne est d'autant plus intéressante qu'elle est variable. Dans les années 80, j'avais des dents très abîmées, toutes jaunes et cariées. Alors je les peignais avec du blanc quand je passais à la télé et ça me faisait un sourire pas possible, très hollywoodien. Quand une de mes dents est tombée, j'ai trouvé drôle la tête que ça me faisait : bien maquillée avec une dent en moins, comme si quelqu'un avait gribouillé une photo. Ce n'était pas pour m'enlaidir, je trouvais ça amusant… Il faut se bagarrer pour ne pas céder aux pressions. Il faut être ferme. Mon père peintre m'a donné une très bonne éducation artistique. Et j'ai eu envie de la perpétuer, dans mon travail, dans la vie.

Le journaleux : Les Rita Mitsouko, c'est l'histoire d'un couple ?

Catherine Ringer : C'est personnel, comme question… Vous savez, il y a des couples de commerçants ou de paysans qui travaillent ensemble toute leur vie et on n'en fait pas un fromage. On n'est pas les seuls.

(Pour la Source de l'Interview... voyez Télérama)

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Petite Précision : Fred ne semblait pas au courant, mais les prises de position de Doc Gynéco ont également évolué http://incarnation.blogspirit.com/archive/2007/07/06/doc-gyneco-christine-angot-entretien-croise-avec-david-reinh.html">comme j'avais pu le montrer sur mon blog en Juillet dernier...

Le 28/11/2007 à 17h21 (213.151.***.***)
et ... -
speciale dedicace à Fred (je viens de l'apprendre sur le vert ... †)

Le 28/11/2007 à 17h10 (213.151.***.***)
id. -
Ce n'est pas que la politique soit (re)devenue du spectacle qui me gêne (je n'ai rien contre les grands "happenings", et puis de toute façon c'est trop tard pour faire marche arrière : les images TV parcourent l'espace ...) mais c'est la qualité du show, le niveau de l'enterprise ... Cette façon d'improviser tout en condamnant l'improvisation ...
(Maurice Béjart me manque déjà, tiens, avec sa "Messe pour le Temps Présent" ! ... featuring Michel Colombier & Pierre Henry : un must !)

http://www.cdmail.fr/jaquettes/cd/small/0028946453223s.gif">

http://images.umvd.com/aec/toenails/fd3d2271cbc74fd4b0ad75edc51ee490.jpg">

Le 28/11/2007 à 01h54 (213.151.***.***)
idem -
je parle de politique-spectacl of course, de trucs qui transportent, pas des resistants (et des pros artistiques)

Le 27/11/2007 à 23h47 (213.151.***.***)
- foxy -
Toujours à propos de ce trouble, nocturne, j'ai entendu la réponse officielle "La police ne reculera pas. Et les meneurs seront sévèrement sanctionnés". Réaction paléolitique : Mais qui est le "meneur" ? Celui qui filme sur son portable ? Celui qui met en ligne ? Celui qui télécharge le "spectaculaire" ?

Il n'y a plus de meneurs depuis belle lurette. Nul part. Pas plus que de leaders d'opinion (ni "révolutionaire" comme à l'époque de l'arrivée de la micro-informatique individuelle, par exemple - ni "conservateur", sage et zen, comme un Mandela).
Pas plus que de vrais générateurs de spectacles dignes (de ce nom). Le Grand Portnawak a une faculté, une seule : il renaît de ses cendres ....


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