Voila comment on fonctionne, en ce moment, c'est moi qui suis le plus créatif tant au niveau musique
que paroles mais demain, cela peut s'inverser et c'est le batteur qui va etre creatif ou le bassiste et moi, juste un complement...
Nous sommes un groupe et personne ne s'impose
en rien et que si ils avaient des idées pour améliorer mes textes et mes zics, on essaierait tout, la création est collective...
J'ai jamais adhéré au délire, le chanteur écrit, le gratteux fait les solos, le batteur ferme sa bouche etc...les clichés à la mord moi le noeud du cinéma des groupes se faisait toujours au détriment de la musique
Nous, c'est celui qui a la meilleur idée qui a le dernier mot car nous sommes avant tout au service de la chanson et de la musique...
Nous ne sommes pas abrutis au point de passer à coté d'une idée d'enfer pour un probleme d'ego ou d'orgueil...
Si demain, le mec qui fait le menage dans le studio a la phrase qui manque, on va pas s'en privé sous pretexte que le type ne fait pas parti du groupe et n'est pas musicien
On se plante peut etre à agir de la sorte mais vu l'energie musicale et les sourires en coin qu'on se balance, on va quand meme continuer dans cette voie là

Imaginez que vous bossez pour bouffer comme magasinier, 5 jours sur 7 et que vous répétez dans un groupe 4 à 5 fois par semaines pendant non pas deux ou trois mois, mais pendant 3 années, presque non stop et à 80 kilomètres de chez vous. 2 heures aller, 2 heures retour en transports en commun. Tout en étant marié et parent de deux enfants. Au bout de 3 ans vous réduisez les répétitions... à 3 répétions par semaines. 2 fois 2 heures en semaine et toute une après-midi le week-end. Et je ne compte pas les concerts. imaginez que vous devez faire même des concerts improbables, dans des endroits miteux, devant 2 poivrots ou 30 sbires douteux, juste pour faire rentrer de l'argent dans l'Asso afin de payer la réparation du camion. Puis, imaginez que vous commencez l'enregistrement d'une démo, voire de l'album, mais que le magnéto 16 pistes tombe en panne et qu'il faut refaire une série de concerts dans des bars qui sentent l'urine et le vomi, juste pour pouvoir faire réparer le magnéto et poursuivre l'aventure. Imaginez que vous signez avec Warner Chappel en Edition, grâce à Boris Bergman qui a trippé sur votre musique et sur la Voix du chanteur, mais l'éditeur n'arrive pas à vous trouver de maison de disque malgré les textes de Boris Bergman, même si il vous envoie en studio pendant deux semaines (Hacienda à Tarare, près de Lyon), même si il vous paye une révision complète de tout votre matos et vous achète une sono pour que votre chanteur ne se pète plus la voix... même si il paye des cours de chants au chanteur pour qu'il entretienne ses cordes vocales. imaginez que vous ne prenez jamais de vacances, parce votre capital vacances est bouffé par les concerts du groupe. Bon, il faut avoir un conjoint en Or, patient et amoureux. j'ai de la chance. ma femme m'a toujours soutenu. Imaginez que ce rythme dure de 1991 à 2002. Imaginez, qu'au bout de 5 ans (1993-199 Warner Chappel vous laisse partir parce qu'il n'a pas réussi à vous trouver de maison de disque. Après viennent des incompréhensions pires : comment avez-vous pu ne pas réussir alors que vous avez été signés en édition chez Warner Chappel, que vous avez tournés avec Jean-Louis Aubert, Kat Onoma, Little Bob, Gun Club, Garçons bouchers, que vous avez tournés dans toute la France, dans la grande majorité des FNAC, en Belgique et en République Tchèque ??? Comment cela se fait-il ??? Je n'en sais rien. Et, à vrai dire, je m'en balance. Mais bon... si vous arrivez à bien imaginer tout cela... et j'ai pas tout dit... et bien vous serez encore loin de ce qu'est la condition de musicien (rock, pour ce qui me concerne) en France lorsque vous sacrifiez TOUT pour réussir juste à en vivre. Je vous jure que nous avons vite abandonné l'idée d'être des Stars. Et puis lorsque le groupe s'est créé, les deux plus vieux du groupe avaient déjà 27 et 26 ans. Ce qui fait que nous étions vaccinés contre les rêves néfastes de Gloire. Nous voulions juste pouvoir en vivre et communier avec notre public.

En tout cas... au début on chantait en anglais. Au bout de 2 ans, à force d'entendre sans arrêt (absolument authentique) "chantez en français et on vous signe" on est passé au français, avec le soutiens de Jean-Louis Aubert qui nous a fait tourner avec lui en première partie et le soutiens de Boris Bergman qui nous a fait les textes de 10 chansons et nous a fait signer avec Warner. Ensuite, généralement, ce qu'on nous disait c'était "Vous êtes à la croisée des chemins. Pour le public Varièt' vous êtes du HEAVY METAL. Pour les fans de HEAVY METAL vous êtes trop Pop"... bref... n'importe quoi. On aura tout fait. Et y'a rien eu d'autre à faire.

Alors c'est bien de s'accrocher à ses rêves. Mais il faut savoir qu'on peut faire tout ce qu'il y a à faire et ne pas réussir du tout. Voilà. Et le plus important, c'est de parvenir, si on s'est cassé la gueule à ne pas être aigri. C'est sûr, VENICE n'a pas inventé le fil à découper le beurre, mais on avait notre personnalité, notre son et un style propre. Voilà. Alors la solution ? J'en sais foutre rien et, à 42 piges, je m'en tamponne un peu. J'ai assez de ressort en moi pour rebondir vers d'autres sphères et jouir de la vie selon d'autres entournures.

Personnellement j'ai un autre exemple : je ne touche pas ma bille en programmation informatique, honnêtement , mais une nuit où je m'évertuais à finir un job collectif (Amos) qui n'avançait pas vite depuis un mois ou deux, saturé, j'ai eu un flash qui me dessinait comme un labyrinthe avec la solution (le bon parcours du début à la fin) apparente à l'écran. Un peu comme si tous les liens hypertextes du programme se déroulaient d'un coup, ("moralement"), sans induire de confusion, au contraire (en indiquant un parcours fléché : car la programmation ça n'est que ça : "if" "else" "so" "then" : "Si ..." "Alors ..." > Prévoir des circuits, des fils d'Ariane, sans faire de noeuds ... )
Et puis pffftt, tout redevient opaque, et il faut bosser le reste de la nuit (au moins - pour certains ça sera une vie) pour mettre en forme cette évidence qui vous a traversé la tête. Est-ce que c'est ça qu'on appelle une "illumination", ce genre de fulgurance ? Comme le jeune Champollion déchiffrant les hiéroglyphes ?

Quand on dépasse ses limites, comme un sportif sa fatique ... C'est groovy !

Comme en musique quand on se jette à l'eau avec la certitude de retomber sur ses pattes, car on a l'impression, en pleine impro collective, d'entendre une seconde avant ce que les partenaires vont jouer ! Par empathie ? (y'a pas de bouton sur l'ampli pour ce faire ...)

L'inspiration, ça a du bon. Même si c'est dans l'immédiat, aussitôt oubliée ...
Dans le ratio boulot/talent/conviction je rajouterais bien, pour le moins l'intuition (pour arriver à hiérarchiser les circonstances, à cerner son domaine de prédilection, et à saisir sa chance ... quand elle se [re]présente. ("Same player shoot again" : on dira jamais assez à quel point la philosophie du flipper était plus zen que tous les "shoot them up" des consoles, où l'on ne sait plus la valeur d'un juste tir ... une fois pour toute dans la cible )
Quand l'archer, les yeux bandés, croit sentir la main d'un ange tendre son arc ...

Peut être que c'est seulement "comme si" ... mais, n'empêche que, si un abruti suicidaire ne vient pas se mettre dans le champ, et si aucun malfaisant ne bouge la cible, l'important c'est bien que la flèche arrive "pile dans le mille" ...

Tu as eu bien raison de nous parler de tes réalisations. Oui, ce n'est déjà pas si mal ; non, ce n'est pas du "Moi, je", car cela permet à des gens comme moi qui n'étaient pas courant de l'être et à toi, ça te permet de résumer par écrit ce que tu as effectivement réalisé et non plus seulement rêvé. Ça fait partie de "l'analyse" et, oui, ça devrait conduire à relativiser le "flip pour l'avenir".

Enfin, merci pour ta réponse assez détaillée concernant mon projet éventuel de déplacer mon P90 de chevalet en manche. En fait, dans les musiques que je fait, tu as eu raison de le subodorer, c'est plutôt le contraire de ce que tu décris : je me sers quasi uniquement du micro de manche de mes autres guitares électriques (Jacobacci Studio III, Telecaster, Epiphone Joe Pass) et une fois de temps en temps, je passe sur le micro de chevalet. Je ne fais pas que du jazz, mais dans le milieu du jazz, il y a une expression marrante pour parler de ça : le micro de chevalet (quand il existe), on l'appelle couramment le "micro de secours" (sous-entendu, si vraiment il y a une catastrophe, on l'activera parce qu'il est là, mais sinon, jamais !)

oOo

@ Rose : Tiens, tiens, ça faisait un moment qu'on ne t'avais pas vu ici... et n'était-il pas question qu'on se voie tout prochainement, hein ? Ça me fait un peu penser à l'inverse d'une situation d'il y a quelque semaines, si tu vois ce que je veux dire !

Super bien vus, tes commentaires de professionnelle plus "normale" que Louis. Et d'ailleurs, t'as vu comment tu lui a tapé dans l'oeil, au Bertoche, hein ? (S'il me demande, je peux lui dire qui t'es, ou pas ? ) Je relève notamment dans ton propos la même forte phrase que Nyto, plus une de tes premières, dans le même ordre d'idées, "il faut avoir 'un truc à dire', à dire absolument. Et le dire de manière personnelle."

Je serai toutefois plus nuancé que toi concernant le matériel, et je pense que ton opinion là-dessus est évidemment colorée par l'instrument dont tu joues, qui me semble poser moins de problème que d'autres et notamment que la guitare. Dire "La seule chose importante avec le matos c'est qu'il ne fasse pas chier!", ça me semble bien s'appliquer à ton instrument, moins aux autres et au nôtre. Comme l'écrivait Cyril Bouysse, le mec qui vient de me faire un ampli :

"Une anecdote que je raconte souvent : pour connaître le vrai son de sa guitare, il suffit de la brancher sur une table de mixage de qualité, avec tous les EQ au milieu (éventuellement une correction d'impédance). Un bon matériel de studio est fait pour transcrire le plus fidèlement possible un son, et si vous avez déjà fait ceci, vous avez certainement détesté le résultat... Un ampli guitare doit donc être une "catastrophe" électronique, mais une catastrophe maîtrisée. Et tout mon travail est de jouer avec les défauts électroniques pour en faire des qualités acoustiques. C'est pourquoi je considère mes amplis et effets comme des instruments à part entière."

Bref, on en reparlera, Rose. Crois-moi que de notre côté, quoi que tu en dises, il y a obligatoirement quête du bon instrument ou de la bonne chaîne sonore (guitare + micro + ampli), qui n'est pas nécessairement le même à toutes les phases de l'évolution du guitariste, et qui contribue en effet à l'avancement du musicien, à lui donner envie de plus jouer et à le faire mieux jouer.

oOo