Woowww ça fait quelque chose d’être Gnac du Jour !

Joyeux anniversaire mon z'ami, mon âme similaire !

Variante de ta deuxième hypothèse (très bon, le point sur l'instrumentalisation de l'adversaire pour obtenir une sortie) : Zizou a senti (et un peu nous avec) que son superbe coup de tête de la 104e, venant juste après un tir 20 cm à côté de Ribéry, était le tournant du match, qu'il aurait pu faire basculer le sort vers l'entièrement positif, pour lui et pour l'équipe nationale, mais qu'il n'y aurait plus, en 10 minutes fatigantes devant cette défense très regroupée, d'occasion nette. Soupçonnant l'échec aux tirs au but, il aurait préféré une fin plus marquante.

. Zidane doit faire partie de ces gens qui ont le désir, insensé, “d’être aimé pour soi-même”, et non pas pour ce qu’ils représentent ...
[Présomption sur l’absolu monolitisme de l’esprit, d’un trentenaire, en l’occurence, avec sous-estimation habituelle de l’impermanence identitaire ... Déconsidération volontaire.]
Ce qui peut amener à disjoncter quand l’image est plus forte que le vécu. Quand l’inconscient (re)prend le dessus ... Quand, dans des conditions hors échelle humaine, le naturel revient au galop ...

Alors, soit c’est comme si Zidane avait délibérément écorné son image de “l’homme le plus cool de la planète” (comme le titrait la presse la veille) ...
Comme il possède plutôt un self-control légendaire, dans son jeu, disons qu’il n’a pas trouvé meilleur moyen de casser cette formidable image, omniprésente, qui lui colle à la peau, et que, mieux que quiconque, il sait mensongère. C’est pour ça qu’il a taclé son mythe avant de prendre sa retraite, du football comme du marketing.
Auquel cas il est fou (furieux) : Il met l’honnêteté au dessus de tout.

Ainsi, comme poussé par une urgence incontournable, à vingt minutes de la fin du match, via un nexus sous pression optimum, sous les yeux du Président de la République et de sa femme, devant le monde mis en parenthèse tout exprêt, en dépit des voeux collectifs et des fantasmes individuels, malgré son engagement personnel, une voix lui a soufflé, une pulsion lui a dicté, cet acte improbable :
commettre l’irréparable pour rétablir une vérité !
Sa vérité.
Pour l’occasion.
S’afficher au naturel, enfin au vu et au su de tout le monde .

“Il faut se mefier de l’eau qui dort”. (proverbe sousréaliste)

Ou alors, impérial, il aurait décidé de prendre son destin en main ...
Un peu de psychanalyse : Malgré lui, il trouverait une opportunité de se faire ejecter, pour se liberer de la pression. Mu inconsciemment par un besoin impérieux de reposer sa carcasse, son mental, (et ne pas prendre le risque de s’inscrire davantage dans la compétition, pour quelques minutes incertaines avant une retraite méritée, au regard de l’histoire mondiale du sport, comme des archives de la télévision).
Il n’y aura pas eu cette 111ème minute dans la carrière de l’international ...
De la même façon que les joueurs de foot on pris l’habitude de shooter sur un opposant de l’équipe adverse pour obtenir une touche , en instrumentalisant l’adversaire, là, le capitaine des Bleus (qui étaient blancs, en la circonstance : autre détail surréaliste) s’est servis du premier venu pour obtenir son ticket de sortie à la bonne franquette, sans pompes ni sans paillettes, sans pleurs ni sans courbettes.
Auquel cas il est fou (à lier) : avec une drôle de hierarchie des priorités, avant, tôt ou tard, de disparaître des médias...
Parce que c’est bien joli de “faire rêver” les autres, mais on aimerait bien rêver par soi-même ...

Oui, finalement, le football ne devrait être qu’un délire de voyous, un jeu de balle pour gamins turbulents, et rien que ça.

En tous cas, une chose est sûre : on a beau être le chouchou béni des medias, le héros de tous les gars du pays et d’ailleurs, le mâle le plus adulé des filles du globe, “le fils préféré” de toutes les mères de la Terre, plus fort encore : on a beau être le plus bankable auprès de tous les comités d’entreprise possibles et inimaginables, il n’en demeure pas moins que l’on tient à son amour-propre.

Certain diront “honneur” ... Qui n’est pas toujours là où l’on croit ... (A ce sujet, il faut bien noter que l’empathie ne réclame pas l’abandon de son ego : bien au contraire, l’ego, l’amour-propre, le libre arbitre etc. en sont des conditions nécessaires, mais pas suffisantes. En revanche, ce qui fait honneur à n’importe lequel d’entre nous, le ferait à tous, pareillement. Et le fait ... d’une certaine façon !)

Le sentiment de tristesse et d’abattement, pour lui, pour eux, pour nous tous, est très fort. Certains tentent de s’en débarrasser en stigmatisant Zizou de façon excessive ou en lui faisant facilement la morale (surtout sur d'autres forums qu'ici tout autour de la planète). Ils n'en seront probablement pas plus "sauvés".

Ce qui peut consoler, c’est que les Bleus ont fait une assez bonne finale et que la dramaturgie a été énorme, que dans le genre Séville 1982 ("le plus fort souvenir de football de Platini" malgré la défaite), le coup est encore plus dur et encore plus fort à la fois. Cette fois-ci, le méchant n’est pas dans le camp de face, il est chez nous et il a surtout été catalogué comme gentil jusqu'ici, ce n’est pas en demi-finale, c’est en finale, dans 30 ans on en parlera encore et la peine ne sera plus aussi forte mais la symbolique restera énorme. Celle de l’ange génial et du démon tourmenté qui est aussi un homme.

Le monde entier ou presque, et nous les premiers, se racontait une histoire de fin grandiose pour Zidane et c’est une fin tragique. La ligne de démarcation est même incroyablement ténue : 6 minutes à peine avant le coup de tête qui le condamne, Zizou a failli donner le coup de tête qui l'aurait très probablement envoyé au Panthéon du foot, avec 2 buts à chaque fois dans 2 finales de Coupe du Monde et 2 titres, tout près de Pelé.