Faire comprendre aux gens qu'acheter au prix le plus bas ça a plein d'inconvénients, c'est pas encore gagné. Déjà parce que bon nombre de personnes seraient sans doute ravies de se payer du beau matos, de la bouffe bio, mais n'ont pas d'autre choix que de vivre avec les miettes qui leur restent à la fin du mois. Et puis la tendance (je généralise un peu) est plus à la gratuité (pourquoi payer pour un CD alors qu'on peut télécharger gratuitement des MP3 ?).

Ton exemple de la traduction et de Lionel est particulièrement intéressant, pas seulement parce que je suis aussi traductrice indépendante comme Lee-O. Actuellement les prix de la traduction sont plutôt tirés vers le bas, et je doute que ce soit un secteur dans lequel on puisse s'enrichir, même en se démultipliant. En se démultipliant, Lionel aurait dans un premier temps peut-être des rentrées d'argent intéressantes, mais comme il ne pourrait pas proposer des tarifs super intéressants s'il veut se garder une marge pour couvrir ses frais d'exploitation et payer ses charges, il serait obligé de faire appel à des traducteurs incompétents qui bradent leurs services. Les clients de Lionel seraient un peu furax de la baisse de qualité (Lee-O est un très bon traducteur on me l'a dit ! ) de ses traductions, et finiraient par lui tourner le dos. Lionel pourrait aussi contrôler la qualité des traductions que ses sous-traitants lui fourniraient, mais dans ce cas il n'aurait plus tant de temps libre que ça. Bref, c'est pas aussi simple que ça...

Alors voilà si tu connais un truc infaillible/un plan d'attaque pour éduquer les clients et leur faire comprendre que la qualité finale est plus importante que la somme en bas de la facture, je pense que ça peut en intéresser quelques-uns

Bien vu, WebSioux, ton plan ! Mais je crois que ce qui déterminera sa réussite, c'est le nombre de gens qu'il concernera. Si c'est juste "ceux qui tirent les ficelles du fric" au sens d'une petite minorité de très privilégiés, ça ne marchera pas. Si ça concerne, en revanche, la grande majorité de ceux qui ne sont pas trop dans la merde, ça a toutes ses chances.

Que "les hommes de coeur prennent le pouvoir de l'argent", pour moi, ça veut dire que tous ceux qui le peuvent (la grande majorité) fasse tourner l'argent, sans peur de manquer soi-même. Pour le meilleur et pour le pire, nous sommes passés, dans plein de domaines et notamment l'économique, le culturel, etc., à l'ère du dynamique, du mouvant -- comment disions-nous, Fox ?... du volatile, voilà. Notre objet ne peut plus être d'essayer d'accumuler, d'arrêter, de bloquer, de fixer mais il s'agit, comme lorsqu'on a à faire face à des grandes forces dynamiques de la nature ou de forces humaines, de surfer, d'accompagner le mouvement inarrêtable en l'orientant juste le peu qu'il faut.

En tant que traducteur indépendant, personnellement, je bosse un max et, objectivement, je gagne bien ma vie mais je n'accumule rien (en dehors d'un remboursement de prêt-maison). Tout circule. On en avait déjà discuté avec Cat il y a quelque temps. Je me méfie de tout ce qui est "gratuit" et m'en tiens à l'écart. Sous l'impulsion de ma femme Gena, nous achetons bio et autres sources "modernes-nobles" depuis 15 ans et ça nous coûte évidemment plus cher (mais maintenant moins qu'avant). Nous ne recherchons pratiquement jamais "le moins cher". (D'ailleurs, merci Fox, de m'associer aux notions "d'honnêteté" et "d'humanité", mais on peut ajouter "cohérence" et "éthique", aussi. Ce serait bien que nos populations soient plus cohérentes et fassent l'effort de ne pas demander du toujours moins cher tout en déplorant la multiplication des délocalisations, c'est une position intenable.) Nous ne faisons pas les petits travaux nous-mêmes à la maison, nous appelons des artisans, nous faisons travailler les autres autour de nous (et apprécions évidemment quand les autres nous font travailler nous).

Les voilà, ta synergie et ton osmose en économie, Fox ! Mais pour que ce type d'attitude fasse une vraie différence, j'insiste, il faut qu'elle soit adoptée progressivement par une grande majorité. Parce que, en gros, ce qui nous sépare du "rêve réalisé" dont tu parles, c'est tout bêtement que chacun se dit, "Non, c'est pas à moi de commencer à faire l'effort, il y en a qui sont plus favorisés que moi. Moi, il faut que je me protège en priorité".

(Zen : "ce qui compte dans l'ascension ce n'est pas le sommet mais le chemin pour y arriver ")

La preuve c'est que quasi toute l'économie passe parc ette moulinette, dans le cyber-mixer des mes aïeux ... (même les grands restaux très étoilés sont côté à la Bourse : le CAC 40 est affiché dans les WC s'il baisse on peut toujours dire "remettez nous ça patron !")

@ webSioux (mais Vincent est autorisé à lire ) :
Aaaahh LE REVE ! "dans notre organisation sociale et même dans notre facon d'envisager l'avenir ne s'obtiendra pas à force de le réclamer."
Bien d'accord (cf. si on demande un cadeau, ce n'est plus un cadeau mais une livraison ;-) ) Le rêêêve, il s'obtient avant (faut qd même savoir ce qu'on veut) ou après (c'est éreintant de demander, d'une manière générale : on dors bien après ... donc on rêve : c'est dans la nature !)
Dans une réunion, (t'as déjà remarqué ?) celui qui ne parle pas dans les premiers 3/4 d'h et qui est gavé d'écouter : il ne dira plus rien jusqu'à la clôture ! C'est tjrs com' ça, systématiquement ! Pour le rêve c'est idem : si on manque d'imagination pour le caler, il va se faire la malle ...
Mais si la civilisation n'avait pas des rêveurs (des artistes, donc : comme dans la famille De Gaule, je demande l'auteur(s) ) on serait déjà bien plus dans la barbarie. cqfd : la récupération n'est pas la création.

La Grande Empathie est un concept pragmatique qui fait qu'on n'a même plus besoin d'amour et d'eau fraîche : il suffit de regarder l'autre se rassasier (!) (ou se faire blaquebouler par un tsunami) pour se sentir exister ...
(Si on a la confiance dans l'honnêteté de l'humanité bien sûr - deux mots chers à Lee-O qui, comme Delors, a déjà courtoisement prouvé son abhorration de l'approximation).

Commerce équitable. Dixit son fondateur : "Ce n'est pas la charité : c'est un commerce juste. Le reste est de l'exploitation" de l'homme par l'homme : une perversion, en fait.
La synergie n'existe officiellement pas, en économie (sans quoi on parle plutôt de lobbying ou de dumping [du Jumpin' Jack Flash aussi ! à l'inverse], ou encore de ce vice antidémocratique qui est le "délit d'initié" ...) Pourtant il n'y a que ça dans les rapports humains : de la synergie, voire de l'osmose !! La règle d'or : 1+1 égale plus que 2 ! Il convient de parvenir à des émulations (!) synergétiques (!!).

C'est fou quand meme!

On s'en sort pas, on est toujours coincé par ces deux vielles idéologies
antagonistes gauche/droite (je parle pas des partis mais des notions).

J'ai tout le temps l'impression de voir des gens qui continuent
de rêver à l'impossible envers et contre tout...

C'est bien beau de vivre d'amour et d'eau fraiche avec mémé . C'est même
tres respectable d' être capable de vivre uniquement sur la base de principes
aussi saints.

Seulement nous ne sommes pas assez mûrs pour ça. (ou pervertis depuis trop
longtemp). 99% des gens ne sont pas prêts à supporter le changement radical
qu'impliquerait la réalisation des rêves sociaux des vrais gauchistes.

A cause du ralentissement du progrès:

Aujourd'hui, c'est la course au fric qui donne les coups de fouet aux esclaves
pour faire tourner la machine plus vite. Sans fouet on vivrait super mieux mais
ca irait bien moins vite.

Si un pays s'arrête de marner à toute vitesse, il se fait dépasser par les
autres...logique.. C'est pas grave dans le fond, mais comment va t'on
résister à la tentation du progrès crée par ceux qui cravachent toujours?
On est entouré de ça, d'influences, d'envies, de trucs certes inutiles si on
se contente de vivre d'amour avec mémé et pourtant 99% des gens
courent et se pourrissent la vie pour ça..

On est conditionné depuis la naissance à vouloir gouter à toutes
ces nouvelles "joies" du progres.

Pour résister, il faudrait fermer les yeux, les frontières,
oublier les autres qui progressent encore, et espérer qu'on
leur fasse envie et qu'ils décident à leur tour de se reposer
comme nous.

Du rêve les amis!

On est pas prêt du tout du tout..ça tiendrait pas longtemp.

Le rêve de cet objectif ultime, de cette egalité unviselle,
cette fraternité qui serait soudainement intimement ancrée
dans toutes nos actions quotidiennes, dans notre organisation
sociale et même dans notre facon d'envisager l'avenir ne
s'obtiendra pas à force de le réclamer.

C'est comme dans la chanson tiens :

"il faudrait que tout le monde réclame.... une loi contre toutes
nos indifférences et que personne ne soit oublié.."

J'adore cette phrase, elle dit tout!

Elle dit toute la naïveté qu'il y a dans l'espoir d'un monde
meilleur imposé par une organisation politique. Un rêve d'enfant.
C'est un objectif, une direction, un leitmotiv, OUI.

Dans une chanson, c'est super, le message passe. Mais c'est pas
comme ça qu'il faut raisonner pour prendre une décision
responsable sur le prochain pas que l'on fait.

Rêver c'est bien, c'est à la base des plus belles choses, mais
pour passer à la réalite il faut être réaliste...logique..
il faut avoir un plan, une vision de progression, et pas
seulement le rêve que d'un coup de baguette magique, tout
se transforme.

Un plan comme ça, j'en ai un si ça vous intéresse...

Comme cela a déjà été dit, les problèmes actuels de concurrence et de délocalisation qui font penser à une économie sauvage, non pilotée par des objectifs sociaux (d’égalité, d’humanité etc) n’ont rien à voir avec la Constitution mais notre situation économique actuelle à l’échelon de la planète et il y a fort à parier que rien ne changera à ce niveau, que le résultat des votes soit OUI ou NON (cf. l'illustration avec le textile chinois). Voilà un peu résumé là où je voulais en venir (rien de bien nouveau...).