@ Nyto : bien observé ! (et puis les chiffres, on leur fait un peu dire ce qu'on veut ...)
Flash-forward : Les mines défaites, ou les fronts plissés, les zombies (pas clodos caricaturaux, ni "m'as-tu-vu" punks inclus) qui passent devant les terrasses sans s'arrêter, ou ces gens qui marchent dans les faubourgs sans le moindre contact avec l'extérieur, perdus (c'est ce qu'on dit !) dans leurs pensées (de revanche perso), leur stupeur (de perdre leurs illusions), leur fatalisme (de gagner le pain quotidien, j'ai bien dit "quotidien") ....
"avec la rage en dedans, cette claque dans le sang" ... etc (Crabouif)
Ouais, c'est assez facile (j'allais dire "amusant") de repérer un chômeur dans la rue (parce qu'ils ne restent pas tous à picoler chez eux, 'faut pas croire ... Y'en a qui se bougent, et même qui arrivent encore à articuler ...)

@ Lionel : Croissance : 13% d'un nombre à plus de 2 ou 3 zéros (minimum) ça fera toujours bcp plus que 16% d'un chiffre tout bête !!!!!
Depuis la guerre mondiale, le niveau de vie n'a pu que monter puisqu'il partait de très très bas pour la plupart des honnêtes gens (Mais la guerre, c'est fini ... Dieu merci. Les causes de paupérisation sont toutes autres maintenant ...)
Décortiquons : "le seuil des revenus" évoqué concerne ceux qui ont un salaire, et qui résident en France (pas en Belgique ou en Suisse).
Souvenons-nous aussi de François Pinault (pas celui des films de Francis Veber ...) le PDG sympa qui affirmait qu'avec ce qu'il gagnait il pourrait s'inscrire au RMI (vu que c'est sa boîte qui payait TOUT, ses entreprises multiples qui assuraient son train de vie, ses collections d'Art etc ...)
De plus, au final, les revenus des plus faibles (pas ceux de la middle-class qui tire la langue de + en +) sont réabsorbés par les taxations diverses, les frais de base (chauffage, eau du robinet, électricité d'import, loyer si possible, et forfait Tel) + fringues, pain/fromages, et CD. (au singulier !)

Les "mécanismes redistributifs", ceux liés à l'actionnariat, font que les richesses sont morcelées, moins palpables (même par les "riches", d'ailleurs). C'est l'ensemble qu'il faut prendre en compte (comme les automobilistes, un par un, et les michelines de banlieue, qui ajoutent, infinitésimalement mais sans relache, leur CO2 à celui des usines). C'est une arborescence largement déployée qui attise la disparité (entre des personnes physiques, pauvres plutôt propres sur eux, et des riches, plutôt personnes "morales" -un qualificatif à substituer au plus vite, par "abstraites", par ex.- que quidam jet-set fêtard, ou onc'picsou attentif ...)
Sans compter que les précaires à plein temps, les stagiaires en formations, les égarés entre-deux instances, les intermittents comme les femmes de ménages, (etc.) échappent le plus souvent aux maillages des statistiques (c'est fait pour, aussi, un peu).

Il faut essayer d'abord de bien analyser de quoi l'on parle. Quand chacun de nous reçoit des informations de cet ordre, il doit jouer son rôle en les analysant un peu, en essayant de comprendre au mieux, en croisant plusieurs sources d'informations, plutôt que de n'entendre que des mots-clés et de relayer de la soi-disant info qui est en réalité proche de l'émotion brute.

Ceux qui, comme moi, ne participent pas à la sinistrose et à la déploration et tentent de "raison garder" ont au contraire la nette impression que le niveau de vie général s'est élevé et que la pauvreté recule de façon continue. Les chiffres confirment cette impression et il est dommage qu'ils ne soient pas plus relayés.

Dans le JDD d'hier, Nicolas et Guéric Jacquet rappelaient dans une tribune qu'en 1970, 15% des Français étaient pauvres selon la définition désormais officielle, alors qu'en 2002, ils n'étaient plus que 6%.

Dans un hors-série récent de Sciences Humaines intitulé FRANCE 2005 - Portrait d'une société, Benoît Richard note que "depuis la Seconde Guerre mondiale, le niveau de vie des Français n'a cessé d'augmenter. Entre 1996 et 2001, il a encore crû de 10% [...]. Bien sûr, ces moyennes cachent des disparités, mais qui ne sont pas forcément celles auxquels on pense d'emblée. Ainsi, entre 1996 et 2001, la hausse du niveau de vie est la plus forte chez les 10% de la population les plus pauvres (+ 16%) suivis par les 10% les plus riches (+ 13%)".

Par ailleurs, contrairement à une fausse et méchante évidence serinée par tout bon gauchiste ou relayeur inconscient de la sinistrose, l'écart ne se creuse pas entre riches et pauvres, au contraire. Benoît Richard : "Contrairement aux idées reçues, les disparités de revenus ont tendance à reculer depuis la fin des années 60 alors qu'elles avaient augmenté pendant une grande partie des trente glorieuses. [...] de 1970 à 1984, le seuil de revenus des 10% les plus riches est passé de 4,8 à 3,5 fois celui du seuil de revenu des 10% les plus pauvres."

Depuis, avec la croissance du chômage, l'évolution n'est pas aussi favorable mais elle ne s'inverse pas, notamment en raison des mécanismes redistributifs propres à la France.