 |
Le 19/11/2005 à 00h47 (213.245.***.***) |
Lionel -
|
|
J'ai été, comme sans doute beaucoup de lecteurs, tout à fait sensible au récit de ton arrivée en France et de ta jeunesse, Nebo... mes hommages à ta courageuse et pédagogue mère ! Ton exemple est une contribution pertinente au débat sur les banlieues. Merci aussi pour l'interview de Finkielkraut. Au début, je me suis dit que la façon de faire, c'est de proposer un lien vers l'interview plutôt que d'en publier tout le texte, mais il est vrai que c'est dans ce dernier cas qu'il sera vraiment lu et tu l'as très bien formaté pour le confort visuel ! Bon, Finkielkraut n'est pas un marrant, le dernier livre de lui que j'ai essayé de lire m'est tombé des mains, je ne le suis pas sur tout, mais ses propos sont ici nets et je le rejoins sur beaucoup de points.
Oui, Yamero, je suis témoin, tu es le seul que j'aie lu qui a écrit que si ces deux jeunes malheureux étaient morts, c'étaient quand même un peu de leur faute, tu défends l'importance de la responsabilité individuelle, je trouve ça bien et adapté à l'époque. Mais tu suggères que certains casseurs seraient excusables, sans toutefois beaucoup argumenter. Pour moi, c'est inexcusable ; je pense qu'une bête sommeille en chacun de nous ; et qu'il est de la responsabilité de chacun de contrôler sa bête, surtout à une époque où les institutions ne dominent plus les individus et où l'individu est au centre des problématiques politiques... ce qui est un vrai acquis social mais que tous doivent assumer individuellement.
Denis, ça m'embête un peu de le dire, mais je comprends la remarque que t'as faite Nebo et il ne s'agit pas tant d'un amalgame simpliste. Tu viens de nous raconter (plutôt bien) que depuis que tu habites à Paris, tu fais la gueule. Peut-être veux-tu dire que les Parisiens sont des gens tristes ou démoralisants, ou bien encore que la vie qu'on fait aux Parisiens est inhumaine et qu'ils sont tous tristes. Mais le sentiment que je retire de ton récit, c'est un sentiment de manque d'estime de soi, de sa ville, de son pays. Un peu "La haine", quoi. C'est un des maux de notre temps, le dégoût de soi et des autres -- tout casser, tout est moche.
C'est peut-être parce que je ne viens pas de province et que je suis né à Paris que j'ai une autre vision du métro, de Paris, des gens qui s'y trouvent. Mais c'est sans doute aussi parce qu'alors que toi ou d'autres pensez que vous décrivez la réalité en faisant un récit déprimant, il y rentre une part importante de subjectivité et, en l'occurrence, de mal-être. Toi, il t'a fallu 3 mois pour perdre le sourire dans le métro, moi ça fait 40 ans que je continue à sourire et à dire bonjour et à discuter le bout de gras avec mon voisin de strapontin et à ouvrir ma gueule quand il y a un petit incident, etc. Si tu aimes vraiment ton semblable, tu ne peux pas ne pas aimer le métro et tu ne dois absolument pas laisser ton élan pour ton prochain se briser pour un sourire qui ne t'a pas été rendu, etc.
Bref, on ne sortira d'aucun pétrin avec des visions déprimées et déprimantes !
@ Froleur : Très beau, très juste et tu as raison, "compétences" n'était pas bien choisi. J'aimerais rebondir un peu sur ton propos, peut-être plus tard, puisqu'on est reparti sur "les troubles".
|
 |
 |
Le 19/11/2005 à 00h03 (81.57.***.**) |
Yamero - @ Nebo
|
|
quand je parle de modération c'est pour dire que rien n'est toujours aussi simple...exemple pour accompagner mo, précédent post, à 14ans je rentre en seconde au Lycée M. Berthelot à Pantin(93), là on a un proviseur, qui par ses méthodes, a réussi à hisser l'établissement au premier rang du département en terme de réussite au bac (toute filière confondue, 80%!), tout d'un coup, devant l'évidente efficacité de ses méthodes (la motivation et l'accompagnement, j'en ai été le témoin personnel, et non pas par l'exclusion des moins bons)on a cru bon l'envoyer diriger Henri IV à Paris. Résultat, en moins de trois ans, le Lycée a vu ses résultats chuter de façon catastrophique, l'ambiance s'est dégradée, l'environnement aussi, plus de respect pour les profs, les murs, les élèves...bref, alors qu'on faisait tout pour y aller, voilà qu'on faisait tout pour le fuir! Ce lycée avait besoin de garder un bon proviseur, qui aurait gardé de bons profs et ainsi de suite...à la place, un proviseur fraîchement nommée, débutante, sans charisme, des profs qui, sans soutien, se sont barrés, à la place des jeunes qui débutent et pof! Alors oui, les jeunes ont une école, mais qu'est-ce qu'on en a fait de cette école? Maintenant tout le monde se bat pour aller dans le flambant neuf des Lilas (93), mais si on commet les mêmes erreurs, dans 10 ans ou moins, ils bruleront les écoles des Lilas...je ne dis pas que c'est bien...je dis que quand t'es heureux, t'as pas besoin de faire çà, et qu'ils ne sont pas malheureux que parce qu'ils sont une génération "télécommande"...donc modération pour çà!
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 23h53 (83.112.**.***) |
Nebo -
|
|
Je ne cautionne pas la Politique dévastatrice de Milosevic... Je ne cautionne pas non plus cet article qui date d'il y a 12 ans ! Pour ce qui est de la "purification ethnique" en ex-Yougoslavie... juste un petit exemple : à la fin des années 70 au 19ème Siècle, lorsque la Serbie retrouve son indépendance après 500 années de joug Ottoman, les Serbes sont ultra majoritaires au Kosovo... + de 70% ... La Serbie bien qu'État Souverain n'a pas pu récupérer le Kosovo qui est la Province Fondatrice de leur État au Moyen age avant l'invasion Turque... Les Turques, conquérants minoritaires font, alors, pénétrer de plus en plus d'Albanais venus d'Albanie et exercent de très violentes pressions sur les Serbes qui vivent là depuis 1000 ans. Face à ces violences et pressions diverses (expropriations, viols, profanations de cimetières Chrétiens Orthodoxes, incendies de monastères et d'églises, etc... tout le monde connait la mentalité Turque de l'époque... cette même mentalité qui a contribué au génocide des Arméniens...) la Serbie s'allie en 1912 aux Bulgares et aux Grecs et chasse définitivement l'occupant Turque des Balkans... Les Serbes sont toujours majoritaires au Kosovo jusqu'en 1941 ! Plus de 60%. À cette date, Hitler lance son attaque sur ce qui était à l'époque le Royaume de Yougoslavie. Mussolini, qui s'est emparé de l'Albanie et en a fait une Colonie Fasciste, lance ses troupes Albanaises sur le Kosovo que Hitler lui laisse... les Serbes fuient... En 1946, un an après la fin de la guerre, le dictateur communiste TITO, pour assoire son autorité sur le pays met en place un programme simple qui est connu par tous les historiens aujourd'hui... : "Pour une Yougoslavie Forte, il faut une Serbie affaiblie !" Il interdit donc aux réfugiés Serbes de rentrer au Kosovo et donne une très large autonomie aux Albanais du Kosovo. Résultat ? En 1946 les Serbes sont 26%. Dés les années 50 la pression sur les Serbes se poursuit. Le Kosovo est, tout comme la Sicile pour l'Italie ou la Tchétchénie pour la Russie, une plaque tournante pour tous les traffics de toutes sortes sur les Balkans. Les clans Albanais veulent chasser les Serbes et se partager le gâteau... En 1990, les Serbes ne sont plus que 10% ! Aujourd'hui, après les bombardements de l'OTAN ils ne sont plus que quelques dizaines de milliers au Nord de la province. Les combattants de la soi disant armée de Libération du Kosovo... l'UCK... ont été formés par... les moudjahedines de l'Afghanistan dont un certain OUSSAMA BEN LADEN... de concert avec la CIA américaine !!! C'était avant un certain 11 Septembre 2001 ! Tu m'suis ??? Je pourrais aussi évoquer l'expulsion des Serbes de Sarajevo au lendemain des accords de DAYTON qui ont mis fin au conflit en Bosnie... les Serbes qui, pourtant, avaient choisis de rester à SARAJEVO pour devenir Citoyens Bosniaques... et ces Serbes ont été chassés par qui ??? Par ceux qu'ont appelait "les Afghans"... autrement dit : AL QAÏDA ! Alors cher Denis... si tu veux parler de purification ethnique imagine un instant ce qui pourra se passer... disons à ROUBAIX... où il y a 67% de musulmans, si demain les étrangers ont le droit de vote local et si un "barbu" de nationalité française venait à se présenter aux élections ! Tu crois que je donne dans le sensationel ? Hmmm ?
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 23h20 (81.49.***.***) |
Denis @ Nebo -
|
|
Je me permets de te faire partager ce lien : http://www.amb-croatie.fr/actualites/fejto-nettoyage_ethnique.htm
et je m' excuse auprés de l' administrateur puisque normalement ca ne se fait pas, mais il reflête mon point de vue sur la question.
Ni voit trés sincèrement aucune allusion à ton "origine".
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 23h12 (81.49.***.***) |
Denis @ Nebo -
|
|
Non, ne mélange pas les genres. Il ne s' agit pas de défendre l' indéfendable. Est-ce parce que tu t' habille en rasta tu es homophobe ? Les amalgames sont des raccourcis simplistes. On a finit par ancrer dans la tête des gens des images négatives.
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 23h03 (86.196.***.**) |
Denis -
|
|
Il ne faudrait pas non plus faire de 3 % du territoire Francais une généralité. Parce qu' il y a 97 % du territoire qui se serre les coudes, mêmes si les discours fracassants d' un individu ont créé un malaise là où il n' avait pas lieu d' être. Mais c' était certainement le but recherché.
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 23h01 (83.112.**.***) |
Nebo @ Denis -
|
|
"Mon pays c' est pas la France, c' est le quartier où j' habite." ...Alors je comprends très bien pourquoi tu les défends, les casseurs... parce que c'est tout à fait leur mentalité... mais je n'adhère pas.
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 22h56 (86.196.***.**) |
Denis @ Nebo -
|
|
Je peux comprendre ton parcours et ton respect de la France. Je suis né Francais et pourtant j' éprouve beaucoup moins de respect pour elle. Je n' ai d' attachement qu' à 2 endroits de la France : le parc naturel des landes de gascogne (mon lieu de naissance et de vie) et le parc naturel du Morvan (mon lieu de dépaysement . J' ai passé 7 ans sur Paris et sa banlieue pour bosser. Lorsque je suis arrivé, je disais pardon quand je bousculais quelqu'un dans le métro ou le RER. Mais personne ne disait pardon quand on me bousculait. Je courrais pas, je marchais. A force de prendre le même RER, tu rencontres les mêmes têtes. Au début, en bon provincial tu dis bonjour mais les gens ne te répondent pas. Au bout de 3 mois, tu deviens comme eux : tu ne souris plus, tu fais la gueule et tu les ignore. Pire quand quelqu' un te souris (un péquin de provincial c' est sur), tu te demande ce qu' il veut. Il n' y a qu' une concession que je n' ai pas faite : le temps de manger . Ca c' est pas moun païs. Mais j' y reviens avec plaisir en touriste. Pour échanger furtivement un sourire, mon bébé dans les bras, avec un joueur de oud le temps que les portes du métro se referment. Pour partager un café à la terrasse d' un café avec une internaute. Mon pays c' est pas la France, c' est le quartier où j' habite.
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 21h43 (81.57.***.**) |
Yamero - @ Nebo
|
|
Non, non, j'ai bien lu....mon cher Nebo, et je n'excuse rien, je n'ai même pas dit "je comprends" ,j'ai dit "je constate"...et ma réaction vient des propos que tu rapportes à savoir..."Alain FINKIELKRAUT. – Si ces territoires étaient laissés à l'abandon, il n'y aurait ni autobus, ni crèches, ni écoles, ni gymnases à brûler"...remets mon intervention dans ce contexte, et seulement dans ce contexte, et peut-être comprendras-tu le sens de ma pensée...mais, et je prends Lionel comme témoin (euh je peux?), j'ai été l'un des premiers à parler de responsabilité personnelle sur ce forum (concernant les 2 gars morts dans le site EDF)ce n'est pas pour changer de discours une semaine après...je parle juste de modération, et j'en vois très peu dans les propos d' Alain FINKIELKRAUT, si ce n'est sa propre expérience comme analogie...enfin, après, je suis plus forum vert, donc pas à l'abri de dire des conneries plus grosses que moi, m'enfin...il me semblait sur ce coup ne pas être trop à côté...
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 21h14 (86.193.***.***) |
Froleur -
|
|
il faut toujours voir la réalité en face...sans se voiler la face...
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 21h04 (83.112.**.***) |
Nebo @ Yamero and All... -
|
|
Cher Yamero, pour moi les casseurs sont, en effet, Inexcusables... par contre as-tu bien lu l'entrevue ? Finkielkraut dit bien, aussi :"Dans cette affaire, il faut évidemment se garder de stigmatiser une population. Né polonais en France, je suis moi-même un immigré de la seconde génération, et je me sens résolument solidaire de tous les élèves noirs ou arabes qui, parce qu'ils préfèrent les diplômés aux dealers, se font persécuter, racketter, traiter de «bouffons». Ceux-là doivent être aidés ; la discrimination à l'embauche doit être inlassablement combattue ; il faut oeuvrer sans relâche à l'égalité des chances, aller chercher l'excellence dans les cités, détruire les grands ensembles, désenclaver les banlieues. Pour autant, il serait naïf de s'imaginer que ces mesures mettront fin au vandalisme."Voilà... Mais je note, Yamero, que ton constat s'inscrit, encore une fois, dans ce que Finkielkraut dénonce ici :
Alain FINKIELKRAUT. – Si ceux qui mettent le feu aux services publics, qui lancent du haut des tours d'immeubles des boules de pétanque sur les policiers ou qui agressent les pompiers, avaient la même couleur de peau que les émeutiers de Rostock dans l'Allemagne réunifiée des années 90, l'indignation morale prévaudrait partout.
LE FIGARO. –L'indignation morale prévaut quand même dans certains lieux !
Alain FINKIELKRAUT. – Non, ce qui prévaut, c'est la compréhension, la dissolution du sentiment de l'injustifiable dans la recherche des causes. Dans l'hypothèse Rostock, politiques, intellectuels, journalistes, responsables d'associations, chercheurs en sciences sociales – tous crieraient comme un seul homme : «Le fascisme ne passera pas !» Mais comme ces lanceurs de boules et de cocktails Molotov sont des Français d'origine africaine ou nord-africaine, l'explication étouffe l'indignation ou la retourne contre le gouvernement et l'inhospitalité nationale. Au lieu d'être outragés par le scandale des écoles incendiées, on pontifie sur le désespoir des incendiaires. Au lieu d'entendre ce qu'ils disent – «Nique ta mère !», «Nique la police !», «Nique l'Etat !» –, on les écoute, c'est-à-dire que l'on convertit leurs appels à la haine en appels à l'aide et la vandalisation des établissements scolaires en demande d'éducation. A ce décryptage qui n'est que poudre aux yeux, il est urgent d'opposer une lecture littérale des événements.
Il nous faut regarder les choses en face plutôt que de chercher à justifier sans arrêt l'injustifiable !
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 20h21 (83.112.**.***) |
Yamero - @ Nebo
|
|
peut-être un peu trop partisan à mon goût...et laisse entendre qu'il n'y aurait que des casseurs inexcusables, et pas de jeunes dans la détresse...c'est pas parce qu'il y a des écoles dans ces zones là, que la République n'a pas failli dans le domaine...il y a un collège dans ma ville (93), et ma grande a eu 4 profs d'anglais qui se sont succédés en un an (dépressions sur dépressions...), et cette année çà recommence...les superstructures çà ne suffit plus, il faut l'encadrement qui va avec...je n'excuse pas, mais je constate...
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 19h59 (83.201.***.**) |
Froleur à Nebo -
|
|
oui
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 19h49 (83.112.**.***) |
Nebo -
|
|
Alain Finkielkraut : «L'illégitimité de la haine»
Propos recueillis par Alexis Lacroix, pour le Figaro [15 novembre 2005]
Le philosophe Alain Finkielkraut dresse un premier bilan des émeutes dans les banlieues.
«LE FIGARO. – Quels enseignements politiques et intellectuels tirez-vous des émeutes ?
Alain FINKIELKRAUT. – Je suis terrifié par cette violence. Terrifié, mais pas étonné. Il y avait des signes avant-coureurs : la Marseillaise conspuée lors du match France-Algérie, les agressions de lycéens pendant une manifestation contre la loi Fillon. Il y avait aussi des livres avertisseurs comme celui d'Emmanuel Brenner, Les Territoires perdus de la République, ou le rapport de juin 2004 du ministère de l'Education nationale sur les signes et manifestations d'appartenance religieuse dans certains établissements scolaires des quartiers difficiles. On y apprenait notamment que l'enseignement de l'histoire était accusé par certains élèves et ceux qui les influencent de donner une vision judéo-chrétienne, déformée et partiale du monde. Les exemples abondent, du refus d'étudier l'édification des cathédrales ou d'entendre parler de l'existence de religions préislamiques, aux turbulences que provoque inévitablement l'évocation de la guerre d'Algérie ou du Moyen-Orient.
LE FIGARO. –Certains ont été jusqu'à parler de «guerre civile». Qu'en pensez-vous ?
Alain FINKIELKRAUT. – Il n'y a pas de guerre aujourd'hui entre les Français de souche et les autres, ni même entre la France des villes et celle des banlieues. Les premières cibles des violents sont les voisins. Et ce sont eux qui réclament une restauration de l'ordre républicain. La sympathie pour les vandales est beaucoup plus répandue chez les bobos écolos qui font du vélo à Paris que parmi les automobilistes pauvres du 9-3.
LE FIGARO. –Y avait-il d'autres signes annonciateurs des émeutes ?
Alain FINKIELKRAUT. – Voici un charmant couplet de rap : «La France est une garce, n'oublie pas de la baiser jusqu'à l'épuiser comme une salope, il faut la traiter, mec ! Moi, je pisse sur Napoléon et le général de Gaulle.»
LE FIGARO. –Mais les excès de la sous-culture musicale ont-ils vraiment un lien de causalité avec ces violences ?
Alain FINKIELKRAUT. – Si ceux qui mettent le feu aux services publics, qui lancent du haut des tours d'immeubles des boules de pétanque sur les policiers ou qui agressent les pompiers, avaient la même couleur de peau que les émeutiers de Rostock dans l'Allemagne réunifiée des années 90, l'indignation morale prévaudrait partout.
LE FIGARO. –L'indignation morale prévaut quand même dans certains lieux !
Alain FINKIELKRAUT. – Non, ce qui prévaut, c'est la compréhension, la dissolution du sentiment de l'injustifiable dans la recherche des causes. Dans l'hypothèse Rostock, politiques, intellectuels, journalistes, responsables d'associations, chercheurs en sciences sociales – tous crieraient comme un seul homme : «Le fascisme ne passera pas !» Mais comme ces lanceurs de boules et de cocktails Molotov sont des Français d'origine africaine ou nord-africaine, l'explication étouffe l'indignation ou la retourne contre le gouvernement et l'inhospitalité nationale.
Au lieu d'être outragés par le scandale des écoles incendiées, on pontifie sur le désespoir des incendiaires. Au lieu d'entendre ce qu'ils disent – «Nique ta mère !», «Nique la police !», «Nique l'Etat !» –, on les écoute, c'est-à-dire que l'on convertit leurs appels à la haine en appels à l'aide et la vandalisation des établissements scolaires en demande d'éducation. A ce décryptage qui n'est que poudre aux yeux, il est urgent d'opposer une lecture littérale des événements.
LE FIGARO. –Loin de la culture de l'excuse ?
Alain FINKIELKRAUT. – Les casseurs ne réclament pas plus d'écoles, plus de crèches, plus de gymnases, plus d'autobus : ils les brûlent. Et ils s'acharnent ainsi contre les institutions et toutes les médiations, tous les détours, tous les délais qui s'interposent entre eux et les objets de leur désir. Enfants de la télécommande, ils veulent tout, tout de suite. Et ce tout, c'est la «thune», les marques vestimentaires et les «meufs». Paradoxe terminal : les ennemis de notre monde en sont aussi l'ultime caricature. Et ce qu'il faudrait pouvoir réinstaurer, c'est un autre système de valeurs, un autre rapport au temps. Mais ce pouvoir-là n'est pas au pouvoir des politiques.
LE FIGARO. –La communication politique a-t-elle abdiqué devant la «vidéosphère» ?
Alain FINKIELKRAUT. – La vulgarité sans fond des talk shows, la brutalité des jeux vidéos, l'éducation quotidienne à la simplification et à la méchanceté rigolarde par les «Guignols de l'info» – tout cela est hors de portée des hommes politiques. S'ils s'y opposaient d'ailleurs, les éditorialistes dénonceraient aussitôt une atteinte totalitaire à la liberté d'expression. Peut être le ministre de l'Intérieur – mais est-il le seul ? – a-t-il tendance à trop spectaculariser son action. Et le terme de «racaille» ne devrait pas faire partie du vocabulaire d'un responsable politique. Mais les mots manquent devant des gens qui, se sentant calomniés ou humiliés par cette épithète, réagissent en incendiant des écoles.
LE FIGARO. –Mais ils sont frappés par des taux de chômage record !
Alain FINKIELKRAUT. – Aujourd'hui où le coeur de l'humanisme ne bat plus pour l'école, mais pour ses incendiaires, nul ne semble se souvenir qu'on ne va pas en classe pour être embauché mais pour être enseigné. Le premier objectif de l'instruction, c'est l'instruction. Celle-ci, au demeurant, n'est jamais inutile. De même que la République doit reprendre ses «territoires perdus», de même la langue française doit reconquérir le parler banlieue, ce sabir simpliste, hargneux, pathétiquement hostile à la beauté et à la nuance. Ce n'est pas une condition suffisante pour obtenir un emploi, mais c'est une condition nécessaire.
LE FIGARO. –Personne n'invente cependant les discriminations !
Alain FINKIELKRAUT. – Dans cette affaire, il faut évidemment se garder de stigmatiser une population. Né polonais en France, je suis moi-même un immigré de la seconde génération, et je me sens résolument solidaire de tous les élèves noirs ou arabes qui, parce qu'ils préfèrent les diplômés aux dealers, se font persécuter, racketter, traiter de «bouffons». Ceux-là doivent être aidés ; la discrimination à l'embauche doit être inlassablement combattue ; il faut oeuvrer sans relâche à l'égalité des chances, aller chercher l'excellence dans les cités, détruire les grands ensembles, désenclaver les banlieues. Pour autant, il serait naïf de s'imaginer que ces mesures mettront fin au vandalisme.
LE FIGARO. –Comment pouvez-vous en être sûr ?
Alain FINKIELKRAUT. – La violence actuelle n'est pas une réaction à l'injustice de la République, mais un gigantesque pogrome antirépublicain.
LE FIGARO. –Cette violence ne serait donc pas une riposte à l'abandon des «territoires perdus» ?
Alain FINKIELKRAUT. – Si ces territoires étaient laissés à l'abandon, il n'y aurait ni autobus, ni crèches, ni écoles, ni gymnases à brûler. Et ce qui est proprement insupportable, c'est de décerner aux auteurs de ces exploits le titre glorieux d'«indigènes de la République». Au lieu de cela, on aurait dû décréter l'illégitimité de la haine et leur faire honte, comme on fait honte, bien qu'ils soient aussi des cas sociaux, aux supporters qui vont dans les stades pour en découdre et qui poussent des grognements de singe chaque fois qu'un joueur noir a la balle. La brûlure de la honte est le commencement de la morale. La victimisation et l'héroïsation sont une invitation à la récidive.
LE FIGARO. –L'expiation des crimes du colonialisme conduit-elle à l'embrasement des banlieues ?
Alain FINKIELKRAUT. – Non, bien sûr. Mais à vouloir apaiser la haine en disant que la France est en effet haïssable et en inscrivant ce dégoût de soi dans l'enseignement, on se dirige nécessairement vers le pire. Ces révoltés révoltants poussent jusqu'à son paroxysme la tendance contemporaine à faire de l'homme non plus un obligé, mais un ayant droit. Et si l'école elle-même les encourage, alors c'est foutu.
LE FIGARO. –Est-ce le modèle français d'intégration qui est en crise ?
Alain FINKIELKRAUT. – On parle beaucoup de la faillite du modèle républicain d'intégration. C'est absurde. L'école républicaine est morte depuis longtemps. C'est le modèle post-républicain de la communauté éducative supersympa et immergée dans le social, qui prend l'eau. Modèle, hélas, indestructible car il se nourrit de ses fiascos. A chaque échec, il réagit par la surenchère. Et c'est reparti pour un tour : au mépris de la vérité, l'école française noiera donc demain la diversité des traites négrières dans l'océan de la bien-pensance anti-occidentale. On enseignera la colonisation non comme un phénomène historique terrible et ambigu, mais comme un crime contre l'humanité. Ainsi répondra-t-on au défi de l'intégration en hâtant la désintégration nationale.»
À méditer...
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 13h31 (83.197.**.**) |
Froleur à Lionel -
|
|
pour ma part je ne crois pas que ce soit une compétence...c'est que la finalité de la vie est sans retour...selon le degré d'hystérie personnelle on essaye d'éviter cette "inéluctabilité" par tous les moyens :" trompe la mort", alors que sans l'hystérie cette idée est douce dés qu'elle est acceptée au même titre que la terre tourne et nous avec...à ce moment là je crois tout prend son sens...mais encore faut-il avoir eu le temps, hélas, les coups durs...pour gravir pas à pas cette montagne et dans cette montée les premiers degrés de l'enfance m'apparaissent comme un jardin que l'on ne retrouvera plus.
alors montons au lieu d'essayer de redescendre vainement...mais que la montée est dure suivant la charge que l'on porte de ce que nous avons empaqueté de notre enfance...et de toutes ces tentatives pour ne pas monter...et de tous ces alpinistes qui montent, redescendent, remontent...qu'il faut parfois encorder, car ils ont trop de fardeaux...
ensuite on allège son fardeaux, pour monter plus haut...on sait qu'il ne sert plus à rien...alors de là haut on peut aller vers l'autre...lui tendre la main pour gravir les dernières marches de la conscience...rien ne nous retiens...on peut voler vers tout un chacun...s'approcher, rester, fuir, on est libre...on contemple le paysage...on fait le tour de tout...on regarde tout...on peut descendre, remonter on est léger...il n'y a pas de dieux, que des êtres qu'il faut aider à se re-humaniser...à ne plus confondre amour avec soumission, avec domination...force avec agressivité...mais que la tache est dure...alors sur le forum...on essaye de faire le beau, d'exister, de renflouer son narcissisme...LOUIS EST UN PHARE, on guette sa lumière, il nous donne raison d'être là car nous lui donnons raison d'être là...il y aura d'autres phares...aussi...c'est ainsi.
|
 |
 |
Le 18/11/2005 à 00h16 (83.112.**.***) |
Nebo @ Denis -
|
|
Tu sais Denis, je suis issu de l'immigration. Je suis arrivé en France, d'ex Yougoslavie, à l'age de 4 ans et demi... avec une mère qui désirait fuir un échec conjugal dont j'éviterais les détails... le racisme je l'ai connu aussi, même si je veux bien admettre que je l'ai vécu dans une moindre importance que mes petits copains arabes ou noirs... j'ai grandi dans une Cité avec ses délinquants notoires, ses junkies, ses voyous, mais aussi avec des types chouettes qui m'ont laissé de doux souvenirs de fraternité. J'ai grandi avec une mère seule qui était toujours absente, parce qu'elle se battait pour améliorer sa situation sociale en suivant des cours du soir, etc... Elle était femme de ménage en 1970... en 1978 Technicienne Informaticienne... puis dés les années 80 elle a tenté de créer des entreprises... donc la Volonté des basses classes : je connais et je sais qu'elle est possible... cependant... bien qu'absente, ma mère ne m'a jamais laissé à l'abandon... elle m'a responsablisé dés mon plus jeune age... et bien que les conditions étaient réunies pour que je fonce la tête baissée dans le mur... bien que j'ai vu pas mal de mes potes tourner très mal... et bien je m'en suis bien tiré parce que ma Mère a su me transmettre des choses essentielles qui m'ont structuré en tant qu'homme Libre. Certes, j'ai fais quelques conneries ridicules... certaines auraient pu mal aboutir... mais j'ai eu de la chance et un ange gardien intérieur m'a toujours remis dans le droit chemin... cet ange gardien se nomme "amour", "respect", "intelligence", "perspicacité", "organisation", "esprit critique", "ouverture d'esprit", "solidarité", et j'en passe... et toutes ces choses, c'est ma mère qui me les a communiqué... parce qu'on était deux... qu'on était seuls... et qu'il fallait faire face à l'adversité du monde entier... une maman et son petit garçon... en 1982 nous avons obtenus la Nationalité Française... sur le coup, ça ne signifiait pas grand chose pour moi, mais vers mes 20 ans ça a pris une énorme importance... quelques lectures centrées sur le 18 ème Siècle Français m'ont fait réaliser que la FRANCE était en fait une Belle Idée... et que cette idée n'avait jamais été appliquée dans le sens où les Diderot, Voltaire, Montesquieu, et autres l'avaient pensée... alors je me suis mis à aimer ce pays et je me suis dit que je pouvais être fier d'avoir cette nationalité et que je devais lui faire honneur... c'est con, hein ? Mais c'est comme ça. Jamais je n'accepterai que ce Pays soit menacé d'une façon ou d'une autre. Ce n'est pas du Patriotisme bêlant... surtout pas du Nationalisme de terroir... juste du bon sens... juste du bon sens... Encore que... je n'aime pas ce terme "bon sens"... ça a un côté bourgeois qui me fait tilter... je l'utilise pour qu'on se comprenne... mais... disons que "Sens commun" ce serait bien mieux... mais encore faudrait-il que nous parvenions tous à avoir un sens commun... ce qui est loin d'être le cas... on a tellement fait l'éloge de la différence et de l'acceptation de la différence qu'à présent lorsqu'on en vient juste à évoquer qu'on a à faire à des personnes qui n'ont pas le même "sens commun" que nous pour gérer l'existence... par exemple : Polygamie, voile à l'école, crimes d'honneur, etc... et bien on passe aussitôt pour quelqu'un de raciste. Or, le propos n'est pas là. Il faut bien regarder dans les yeux les problèmes que l'on rencontre et y trouver des solutions qui soient dignes de nous et de notre République (si elle compte encore !)... Des gens d'origines très différentes peuvent vivre ensemble et construire des choses qui soient dignes d'intérêt... mais il leur faut un "SENS COMMUN" ! Quelque chose qui les cimentent assez pour qu'ils puissent tenter une belle aventure ensemble. Et je pense, parce que je me refuse à idéaliser l'Homme, que les hommes quels qu'ils soient sont capables du meilleur comme du pire ! L'Histoire depuis la nuit des temps le prouve. Et je le dis sans aucun détour : certaines personnes d'origine étrangère ne veulent ni s'intégrer à nos us et coutumes, ni respecter nos lois, ni même s'intégrer à la République... il faudra bien qu'à un moment on prenne des decisions même drastiques pour régler ses problèmes... de façon juste et humaine, bien entendu mais sans Pathos humanitariste et droit de l'hommiste qui finit par créer toujours des Cités dénuées de Droits !
|
 |
 |
Le 17/11/2005 à 22h31 (81.49.**.***) |
Denis @ Nebo -
|
|
Merci pour ta réponse.
|
 |
 |
Le 17/11/2005 à 21h13 (213.228.*.**) |
Nom - E-mail
|
|
Message:Un Deux, Un Deux, Hey la station, tu peux me faire un report de T.X?
|
 |
|