Mais ton propos est, à mes yeux, faussé par manque de cohérence. Dans ta grille de lecture un peu simpliste et idéologisée de la situation, ceux qui cèdent à la peur, ce sont apparemment uniquement toute cette partie de la classe moyenne voire populaire un peu beauf qui vote Front National ou n'est pas loin de le faire. Or, en réalité, tout le discours sur-dramatisateur sur "la précarité", qui émane principalement de la gauche de la gauche, est un discours et un état d'esprit dominé par la peur également.

C'est vrai que parmi les "nouveaux philosophes" des années 70-80, c'était probablement le plus intéressant, mais aujourd'hui, en flirtant avec la ligne jaune et la mordant même par endroits, il nuit malheureusement au point de vue même qu'il entendait défendre avec un certain courage.

L'interview du Figaro que tu avais relayée ici, Nebo, contenait pas mal de propos judicieux sans langue de bois ; il n'y avait pas non plus de dérapage net, mais on le sentait tout de même en danger permanent de faire un tête-à-queue, d'aller s'empaffer dans le pylone du vrai racisme. Là, dans l'interview au journal israëlien Haaretz, que Libération a la bonne idée de http://www.haaretz.com/hasen/spages/646938.html">mettre en lien dans sa version originale, en anglais et pour un journal étranger, il s'oublie malheureusement un peu, il se "lâche" plus, et il y a un passage où je trouve qu'il passe largement la mesure, c'est celui où il dit que l'Équipe de France n'est pas "black-blanc-beur" mais "black-black-black" et que pour cela, elle se couvre de ridicule en Europe. ("People say the French national team is admired by all because it is black-blanc-beur ["black-white-Arab"]. Actually, the national team today is black-black-black, which arouses ridicule throughout Europe".

Et pourtant ...

"Il me semble de plus en plus que le philosophe, qui est nécessairement un homme du lendemain et du surlendemain, s' est de tout temps retrouvé et devrait se trouver en contradiction avec le présent : son ennemi a toujours été l' idéal du jour. Jusqu' ici, tous ces extraordinaires pionniers de l' humanité qu' on appelle philosophes et qui eux-mêmes ont rarement eu le sentiment d' être des ennemis de la sagesse, mais plutôt de désagréables fous et de dangereuses enigmes, se sont assigné pour tâche une tâche dure, involontaire, inéductable, mais grandiose, être la mauvaise conscience de leur époque" - NIETZSCHE, Par delà le bien et le mal

Maintenant c'est internet et les échanges sur CD qui remplissent ce rôle, et c'est, pour l'instant, moins un trip de conspirateurs, plus démocratisé. Inutile d'essayer de juguler cette soif de découverte, ça se retournerait contre eux.

Wooouuaouh ! Oui... repartons dans les cavernes... sans ordinateurs... ni électricité... à jouer du tam-tam autour du feu en guettant l'arrivée des p'tits gris ! Quoi que... t'as mis entre parenthèses "mais pas trop loin quand même"... c'est jusqu'où ce "pas trop loin quand même" ??? !!

C'est la Rigolade ta peur de la métamorphose en cours...

Meme si depuis, j'ai un peu changé d'avis sur ce genre de manifestation (parce l'idée est bonne, mais ce qu'on en fait n'est pas si genial... m'enfin aller, pas la peine de se dechainer pour rien), ça me rappelle qu'avec mon copain Steph, qui traine plus dans les parages (trop occupé a ses cours de Bio-cellulaire et consorts), on s'etait battus bec et ongle pour l'organiser a notre lycée. Quel taf!! Apres moult reunions, conviction du proviseur, des CPE, des comptables etc on y est arrivé. On avait mis au point des trucs sportifs (tournois de volley, basket, velo en salle (1€ gagné par kilometre... y'en a eu 150 de fait je crois!), danse, assuré, et avec un succès magnifique, par Steph himself (qui est/fut un Grand danseur et reste un grand Poete ), avec son ancienne et sublime petite danseuse Charlotte, y'a eu un grand laché de ballon (je sais plus combien), des ventes de produits derivés (nounours etc... voyez l'genre?), des ventes de crepes, de gateaux avec l'aide de nos nombreuses bonnes amies qui ont geré ça comme des chefs. Ca a duré toute une journée, j'ai couru comme un malade! Y'a fallu mettre au point les regies, les sons/lumieres, surveiller le matos sportif gentillement preté par Decatlon,, s'occuper du bon deroulement, accueillir les gens, les artistes...

Les artistes? Et oui : en bon gros ferus, on avait bien sur prevu de torcher la journée avec non pas un, non pas deux, non pas trois, mais 4 concerts le soir (j'vous explique pas la merde pour gerer un lycée "ouvert a tous" le soir : c'est super rebelle, merci a l'administration de nos avoir fait confiance. Faut dire, on est des betes!! ).

Y'avait un groupe de rappeurs (un pote du lycée) qui avaient pour l'occaz, fait peté un bon flow sur une chanson qu'ils avaient ecrite expres pour l'occasion (ça c'etait dans l'esprit ).
Un groupe de Post Grunge, http://www.minibox.org/">Megabox, de notre pote Did. Qui on eu un peu de mal a se faire accepter, mais tenait la route sur scene.
Un groupe de rockeuses (je les avait pas rencontré, vu que c'etait Steph qui s'etait occupé d'elles, mais c'etait des sacré belles filles en plus) les Kohl Girls, qui faisaient des reprises des Pixies (enorme : c'etait leur premier plan en plus).
Et aussi un groupe de Pop Rock un peu bateau (Garage Band je crois... rien qu'le nom, ça envoie du gros ), mais sympa, et c'etait l'essentiel.

On a fumé notre clope avec le proviseur, et ensuite, v'la que tout les potes et les copines (ben oui, ce soir la y'en avait la gomme, forcement!) nous demandent de nous mettre sur scene et de jouer avec les mecs! Et pis, bien sur, Cendrillon ou Hey Joe, ou meme un p'tit ACDC (bref n'importe quoi) nous demangeaient les doigts... pis on a trop fait les fiottes, on s'est degonflés, et on est pas allé. C'est con. Mais c'est la vie, la prochaine fois (si y'en a une) j'me jeterai a l'eau!!

Bilan de l'affaire : beaucoup de pognon : 1200€ je crois... Et un super souvenir. Et voila ma p'tite anecdote. Ca vaut le coup de faire ce genre de chose, ça soude et ça apprend de toute maniere pleins de choses! Et surtout, c'etait le but premier : on a fait bouger le lycée. On s'est rendu compte qu'en se bougeant le cul et en s'y prenant bien, on pouvait toujours faire "quelque chose". Et ça c'etait une grande leçon. ...

Les directeurs zartistiques... ben qu'ils se retirent leurs doigts du cul et qu'ils signent http://www.venice-music.com/">VENICE qui est à la limite du depot de bilan...

Sinon... histoire de rebondir sur ce que vient d'écrire Louis... voici la chronique de Michel Onfray sur ce sujet ! Je ne suis pas totalement d'accord avec les propos du philosophe... bien qu'ils ne manquent pas de charme. Disons... qu'il y a bien un juste milieu à trouver entre les propos de Louis et ceux de Michel Onfray... C'est ce que je pense... Mais, mon problème perso, c'est que je me revois dans mon adolescence... vers 12... 13... 14 ans... et pas une thune ! Macash Walou ! Rien de rien ! Et merde ! Si vous croyez que je me suis gêné pour me faire k7 sur k7 pour découvrir Rory Gallagher... Johnny Winter... Pat Travers... et j'en oublie ! Aujourd'hui j'ai les albums achettés... C'est une affaire qui roule. Alors moi je me dis que la circulation libre et la moins chère possible de la Culture... c'est tout de même important... Non ?

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Novembre 2005

BRAQUER MA BOULANGÈRE

Demain matin, c’est décidé, je braque ma boulangère : dès potron minet, j’arrive dans sa boutique, je m’empare de trois ou quatre croissants, d’une baguette et je repars guilleret préparer mon petit déjeuner sans payer, avec en prime un regard dédaigneux pour cette pauvresse qui voudrait, en plus, que je lui lâche un demi euro pour sa minable ficelle ou son demi bâtard ! Et puis quoi encore ?

Car, en vertu du droit naturel à survivre, mais aussi en regard des droits de l’homme qui m’autorisent à disposer des moyens de me nourrir, je suis fondé à m’emparer de ce bien.Son travail ? Peu importe. Elle a payé la marchandise ? Et alors. Son mari et elle ont effectué une transformation des matières premières ? Oui, et bien ? Derrière ces produits se trouve un savoir faire ? Peanuts. Et  les frais, les prêts à rembourser, les impôts, les taxes ? Pourquoi faudrait-il que ce soit mon problème ? J’ai droit ; je prends ; basta.

Voilà le schéma de pensée des adeptes du téléchargement gratuit sur Internet : j’y ai droit, je prends. Rétorque-t-on que ce que l’on pille c’est le produit d’un travail ? Ces faux libertaires vrais libéraux n’en ont cure. Or le pain et le croissant, le livre et le disque concentrent pareillement une force de travail. Depuis quand les libertaires comptent-ils le travail pour quantité négligeable au même titre que le premier rapace libéral venu ?

Pourquoi se battre pour qu’une femme de ménage soit mieux rétribuée et considérer qu’un chanteur, un écrivain, un photographe devraient, eux, ne pas être payés ? Si braquer laboulangère ne se justifie pas pourquoi serait-ce légitime avec un chanteur, un romancier, un photographe, un cinéaste ? J’ai assez dit combien j’étais solidaire des intermittents du spectacle ici ou là pour ne pas ailleurs justifier plus de précarité : à avoir la pure et simple spoliation du travail intellectuel et artistique.

Ajoutons que je milite pourtant pour la gratuité consentie au téléchargeur. La consommation culturelle doit être le plus possible libre d’accès. En revanche, moi qui défends les impôts – j’en paie assez pour me permettre cette élégance…– je suis pour leur déplacement. Vive la taille et la gabelle non pas comme d’habitude en régime libéral supportées par le plus pauvre mais, en régime vraiment républicain, payées par les plus riches. En l’occurrence les marchands de mécaniques informatiques et les compagnies téléphoniques. Taxons les, eux, pour une réelle circulation libertaire des biens culturels à destination du plus grand nombre. Et que vive la boulangerie socialiste !"

"le critère de scientificité d'une théorie n'est pas qu'elle ait toujours raison, mais qu'au moins une fois on puisse prouver qu'elle ait tort" disait E......n Albert .
La technicité doit servir la puissance créatrice, pas l'inverse !