"Dans les situations critiques, quand on parle avec un calibre bien en pogne, personne ne conteste plus. Y'a des statistiques là-dessus."

Michel AUDIARD

Daniel, merci de ton commentaire bref mais positif ; j'ai moi-même apprécié ton rappel de l'histoire d'Ismaël et de Jacob/Israël et donc du caractère de demi-frères culturels des Juifs et des Arabes.

Nebo, merci pour tes fort pertinentes précisions et compléments à ce que je proposais. Ta conclusion est sans doute à prendre au 3e degré, car tu dis "on n'y pige presque que dalle", mais tes analyses me semblent extrêmement fines et plutôt justes. Je dirais simplement qu'il ne faut probablement pas mettre le Hamas et le Hezbollah tout à fait dans le même sac : vu le point où en est le peuple palestinien, l'état assez lamentable de son territoire et de ses institutions, le Hamas a une quasi-obligation de mettre de l'eau dans son vin, de devenir plus légitime et non plus terroriste, et il a un tout petit peu commencé à le faire. Alors que le Hezbollah ne semble avoir que des visées djihadistes. A part ça, merci aussi Nebo, de très régulièrement donner à lire la face positive et libérale de l'Islam. C'est vraiment oeuvre très utile de réconciliation, de diffusion culturelle et de pédagogie par les temps de radicalisation qui courent.

Louis, tu résumes pas mal l'affaire, c'est ça : nous sommes nombreux aujourd'hui à être non violents ; comment faire souffler cet esprit-là de sorte qu'il apaise les conflits ? Pas facile, d'autant que même si nous sommes sûrs d'être non violents, tout n'est pas non plus clair pour nous. Une des grandes questions, comme tu le rappelles, c'est, "Est-ce que la foi et le prêche non violents peuvent être efficaces ou est-il naïf de le penser et faut-il nécessairement faire des démonstrations de force ?" Sans doute que comme dans bien des aspects humains, il faut zigzaguer entre ces deux pôles. Si vis pacem, para bellum ("si tu veux la paix, prépare la guerre") dit la sagesse latine, c'est-à-dire être prêt à se défendre en s'efforçant de ne jamais se servir de ses armes.

Pour poursuivre sur ces 2 pôles, et pour évoquer mon orientation : je rappelais hier le précepte biblique "Oeil pour oeil", dont on a souvent le sentiment qu'Israël (entre autres) s'inspire et qui symbolise cet engrenage de la violence ininterrompue. Dans la version 2.0 de la religion/civilisation anciennement monothéiste (et en bonne voie d'athéisation) dont nous relevons, c'est-à-dire le Christianisme, on retrouve, porté par la figure centrale et originelle de cette v2.0, le précepte totalement opposé : "Si on vous offense, tendez l'autre joue".

Il est très difficile pour chacun de nous d'appréhender un tel revirement. Je sais que j'ai très souvent pensé et dit, "les préceptes de Jésus, figure de l'homme autonome, me semblent souvent exemplaires, mais 'tendre l'autre joue', c'est tout de même excessif, faut pas exagérer". Et pourtant, il y a là une clé à un des principaux problèmes humains, une clé qui nous est proposée depuis 2000 ans et que nous sommes peut-être -- ou peut-être pas -- mûrs pour vraiment utiliser. Bon, c'est un peu extrémiste, ce n'est pas d'application absolue à mon sens, mais cela doit vraiment nous donner le cap.

Chacun de nous est une sorte de microcosme du monde et de l'homme; Ce que chacun de nous peut/doit faire, c'est s'occuper de pacifier son propre champ de bataille intérieur et environnant. Je ne vois pas d'autre réponse. Déjà, ne pas rajouter une once de "merde" au monde, même en paroles ; ça ne veut pas dire non plus tenir un discours préchi-précha fait de bonnes intentions uniquement ; on peut critiquer en restant calme et sans vociférer. Les vociférations actuelles des protestations, même en faveur de la non-violence, sont elles-mêmes assez violentes et n'ont en majorité pas l'effet souhaité.

Il faut incessamment revenir à la figure tutélaire du Christ. Ça a l'air curieux qu'un athée proclamé et réel comme moi le dise, mais c'est réellement le modèle éthique de l'homme, c'est la figure qui annonce la subsumation de dieu dans l'homme désormais autonome et responsable, et la religion qui se crée à partir de lui est bien, comme l'analyse brillamment Marcel Gauchet, "la religion de la sortie de la religion". Revenir à la figure du Christ, pour bien marquer que son idéal d'amour de tous les hommes est l'horizon qui doit nous inspirer.

S'occuper de soi, pacifier son champ de bataille intérieur, ça vise à ne plus voir personne comme un ennemi. L'objectif, c'est de ressentir un sentiment de familiarité avec tout autre. Essayez, chacun de vous, peut-être un peu plus que ce que vous avez tenté jusqu'ici.

En attendant, ce que je trouve tout de même curieux, une fois de plus, c'est que lorsque précisément Rabin était sur le point d'aboutir à un accord de paix qu'un juif orthodoxe l'a tué... et cette fois... alors que l'armée Israëlienne s'est retiré en 2000 du Liban... alors qu'elle se retire de Gaza... un soldat se fait kidnapper à GAZA... et les tir de roquettes s'intensifient au Nord, via le Sud Liban et les Fascislamistes du Hezbollah... moi je pense, bêtement, que le Hamas et le Hezbollah ne veulent tout simplement pas de la paix et entendent le montrer.

La Syrie soutient le Hezbollah pour des raisons géo-stratégiques purement Libanaises, Israël la Syrie s'en fout. L'Iran soutient le Hamas et le Hezbollah pour des raisons d'expansionnisme Islamique et la revendication Islamique de Jérusalem (deuxième lieu saint pour tous les musulmans, sunnites et shiites, après la mecque).

Une précision tout de même, le Hamas et le Hezbollah, s'ils étaient seuls sur terre, ils se mettraient sur la gueule, les uns étant sunnites (Hamas) et les autres shiites (Hezbollah). Et là, l'Iran (shiite) n'aiderait plus le Hamas, mais le Hezbollah !

Avec le merdier festif qu'ont mis les 'ricain en Irak, y'a qu'a voir l'amour courtois dont se couvrent les sunnites (minoritaires dans ce pays... mais branche d'AL QAÏDA) et les Shiites qui sont majoritaires, qui ont été écrasés pendant des années par Saddam et qui sont, finalement, satisfaits de collaborer avec les GI's de Bush pour retrouver un semblant de dignité. Pour l'instant, ce sont surtout les shiites qui morflent en Irak car presque tous les attentats leur sont destinés. Et l'Iran Perse, voisin local Shiite assez puissant, collabore dans un bon esprit sur le terrain pour que leurs frères Shiites arabes puissent parvenir à des léviers importants dans le pays... tandis que sur le plan international l'Iran tient tête à tout le monde à cause de leur volonté de se doter de l'arme nucléaire et de menacer Israël.

Juif (athée), je n'en suis pas moins personnellement souvent critique de la politique d'Israël depuis de nombreuses années et certainement en cette occasion-ci. Je suis loin d'être le seul. Aussi bien en France, chez une partie non négligeable des Juifs qui s'expriment publiquement, qu'en Israël, à gauche, je retrouve mes positions, qui traduisent une recherche résolue des conditions de la paix et s'élèvent contre l'espèce de routine guerrière de "la plus puissante armée de la planète". Mais il faut reconnaître que ces positions ne se font pas beaucoup entendre et sont assourdies par les lourdes sentences communautaristes et va-t-en-guerre des radicaux. D'où cette modeste intervention.

Bien sûr, comme Louis et d'autres l'on dit, les torts sont partagés ; bien sûr, le fanatisme musulman est plus con que le fanatisme juif dans ses manifestations ; bien sûr, il est incroyablement violent dans la durée d'avoir affaire à des gens qui persistent à nier le droit à l'existence de ton pays... Mais personnellement, en cas de conflit, j'attends plus (d'efforts de maîtrise) de moi que des autres, j'attends plus du groupe avec lequel j'ai des liens qu'avec les autres, j'attends plus du camp le plus civilisé que de son adversaire.

Bien sûr, je trouve une certaine satisfaction à constater que de victimes souvent expiatoires pendant des siècles, les Juifs en tant que nation se sont métamorphosés en guerriers qui ne se laissent plus marcher sur les pieds par personne. Mais je déplore qu'on soit allé trop loin dans ce sens, que ce soit désormais la démonstration de force permanente. À mes yeux c'est une erreure majeure.

Il y a dans cette politique israélienne une recherche de risque zéro, de perfection dans la protection et la défense et cette politique est évidemment vouée à l'échec. Il y a le plus souvent le refus du risque d'une confiance mesurée dans un processus de paix. Il y a aussi un précepte de base, qui nous vient des temps bibliques et dont l'application rend la paix quasi impossible, c'est évidemment "Oeil pour oeil, dent pour dent". Il ne faut pas réfléchir longtemps pour comprendre que si chaque camp applique ce précepte, c'est la garantie d'un conflit éternel.

Or, notons de surcroît que dans son actualisation par les nouveaux Juifs (ceux qui ne se laissent pas marcher sur les pieds), ce n'est plus "Oeil pour oeil", mais en gros "10 Yeux pour chaque oeil". Ed m'inspire le respect quand il part dans la région des conflits pour mettre ses actes en accord avec ses opinions, mais sa lourde dénégation du caractère "disproportionné" des réactions d'Israël, avec des arguments qui semblent inspirés par le fanatisme tellement ils sont appuyés et parfois tordus, je l'ai trouvé quasiment obscène. Sans le savoir, Ed a même remporté http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Godwin">le point de Godwin dans cette discussion, puisqu'il n'a pas hésité, pour argumenter, à comparer les actions du Hezbollah aux attaques de V1 et de V2 sur Londres !

Soyons sérieux : comme le rapportait Libération hier, le bilan jusqu'ici, depuis les premières roquettes tirées par le Hezbollah, est de 441 civils tués au Liban et de 18 en Israël. Non seulement ça, mais une bonne partie des infrastructures du Liban sont détruites, ce qui va mettre des dizaines ou centaines de milliers d'autres civils dans une grosse merde. Que celui qui cherche à nier l'énorme disproportion des actes et des moyens trouvent d'autres arguments que ceux d'Ed, parce qu'il en faudra de vraiment très très bons pour me convaincre.

Et Israël croit que c'est une bonne stratégie, qui va dans le sens de ses intérêts ? Moi, ce n'est pas mon sentiment ; je crois qu'à chaque fois que ces rétorsions de brutes sont infligées, Israël se fabrique de nouveaux ennemis par milliers.

Alors y a-t-il moyen d'en sortir ? En tout cas, ceux qui s'étonnent que les Européens donnent de la voix mais ne fassent pas grand chose de concret sont sans doute un peu naïfs. Les rapports géopolitiques d'aujourd'hui sont surtout des rapports de force. Des puissances moyennes comme la France peuvent faire quelques coups de temps à autre, avec un discours de Chirac, un Villepin flamboyant aux Nations-Unies, mais ce qui prime in the end, c'est "les divisions", le muscle, etc. Dans ce conflit, les USA détiennent la clé. Et ils ont tendance à trop soutenir Israël, sauf en de rares périodes, essentiellement de présidence démocrate et notamment sous Clinton. On voit bien que dans ces périodes où les USA ont un peu bridé leur allié israélien, le bénéfice en avancées vers la paix a été net.

Mais là, évidemment, sous ce qui est peut-être la pire présidence républicaine américaine de ces dernières décennies, il n'y a aucune volonté des USA de peser sur le conflit. Les récentes visites de Condi Rice n'ont eu aucun effet, puisqu'elle a dit en gros, "ce serait bien qu'il y ait un cessez-le-feu, mais enfin, si vous devez encore bombarder un bon coup, allez-y, on vous comprend".

Conclusion : déjà, il va falloir attendre qu'un président démocrate soit élu aux USA pour que la situation ait des chances d'évoluer dans le bon sens. Et deuxièmement, c'est même pas sûr !

Pendant ce temps les USA lorgnent sur un pétrôle bon marché au proche Orient en utilisiant les conflits locaux(guerre Iran Iraq des années 80 qui donnent bonne conscience car ont combat les communistes (encore eux) et guerre du Golf avec des alliances créés avec l'Arabie Saoudite, le Koweit etc) a qui ils peuvent vendre des armes plus modernes que cellle vendue à l'époque à leur voisin pour bien se défendre... $$$ quand tu nous tiens $$$
NB: le pays qui à la première exploitation de pétrole c'est la Russie ! suivi des pays producteurs du proche Orient. Quand l'or noir va manquer... croyez-vous que les Ricains vont acheter ou négocier avec leur ennemi historique ?
Le but est alors de prendre l'autre moitié. (et sans rien demander à personne voir la guerre en Iraq actuelle !)
L'Iran est placé sur "l'axe du mal" selon Bush. Plein de richesse, c'est un pays qui est positionné sur la route des oléoducs vers l'Europe (un mur entre l'énergie de L'est et nous quoi !!), producteur de pétrole et avec une infrastructure avancé. Les menaces des uns et des autres concernant l'enrichissement de l'uranium sont la partie immergé de l'iceberg, une menace pour ses précieux alliés locaux... Demain qui nous dit qu'un incident quelconque au Vénézuela ne va pas provoqué l'envois massif de troupes pour "rétablir la liberté" (et prendre le contrôle du négoce du gaz).
OK mon raccourci est peut-être rapide. Ne dit-on pas "quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage" ?? ((Bizarrement le chien le plus méchant (appelons-le "PITBULL PYONG-YANG") aux yeux bridés et aux essais provocateurs ne semble pas effrayer plus que ça. ))

Pour conclure, le Liban n'est pas la cible. C'est juste un moyen de glisser vers l'Iran en douceur par le jeu d'alliance avec la Syrie qui DIEU MERCI n'a pas encore marché à l'heure ou je tape sur mon clavier ces qq mots.