Essaie d' oublier tes idéaux, SR a une écharde dans la main, NS divise son propre camp, mais les médias s' acharnent encore et toujours à faire des projections ... comme si ils allaient se retrouver au deuxième tour.

Je n' interviendrais pas comme je l' ai fais lors du débat sur la constitution (je participe à d' autres forum qui n' ont rien à voir avec la politique).

Et tu as tord de sous-estimer la misère actuelle en France. Ceci écrit il ne fait pas encore assez froid pour que les médias veuillent bien s' y intéresser ... comme à ses gamines de 4 ans qui dorment la nuit dans une voiture ou ce gamin de 5 ans qui voyagent de famille d' acceuil en foyer ... d' école en école.

Contrairement à ce que tu crois, ce terrain là n' est pas l' apanage de l' extrême gauche mais de tous les extrêmes.

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@ Larsen : Encore une belle contrib-édito, mon cher ! Et ce qui semble nous rapprocher aussi, c'est l'enthousiasme conservé pour la politique, en ces temps où bien des gens ne savent plus qu'être "désabusés" (Hello Yam, ), en colère, déboussolés... Tiens, je viens de me procurer l'avant-dernier numéro du "Débat", la revue de Marcel Gauchet, dont voici le 1er paragraphe de l'intro :

"La France broie du noir. Un récent sondage indique que 64% des Français sont pessimistes sur la situation économique du pays. Jamais l'image de la politique et des politiques n'a été aussi négative. L'inquiétude devant l'avenir domine. Ce climat de dépression collective n'est pas sans quelque mystère, puisqu'il est en décalage par rapport à des indicateurs objectifs qui appellent une appréciation plus nuancée, quelle que soit la manière dont on les interprète. Il n'empêche qu'il est là, qu'il est solidement installé dans nos têtes et qu'il représente une donnée primordiale en fonction de laquelle va se dérouler l'élection présidentielle de 2007. Illusoire ou correspondant à une réalité, ce sentiment d'inquiétude et d'impuissance est la clé de la situation politique du moment. C'est de lui qu'il faut partir, c'est par lui qu'il faut commencer."

[Un contexte et des raisons]

On ne saurait mieux dire. Et il ne faut pas me pousser beaucoup pour me faire dire que ledit "mystère" a sans doute à voir avec l'exceptionnelle présence et puissance en France du discours gauchiste, alter et anti qui domine largement le discours politique en France depuis plusieurs décennies. Comme tout discours humain récurrent, celui-ci s'est progressivement installé dans nos imaginaires comme un récit réaliste. "Oui, le monde est noir, puisque toutes ces voix le disent de façon répétée", finit-on par penser en France. D'autant que ce discours, s'il est le plus souvent inspiré par la générosité, est d'une certaine façon démagogique puisqu'il touche un point sensible de tout individu à qui on dit qu'il est une victime. Il n'est pas facile pour un être humain de refuser de se faire plaindre. En passant, ce discours victimiste, loin de libérer l'individu, le maintient dans une image d'assujetti en repoussant sa libération au très hypothétique moment où on aurait renversé l'ordre établi.

J'ai déjà dit qu'il me semblait que la dimension protestatrice des extrémismes était un poil à gratter indispensable à la démocratie. Pour autant, la prétention de la gauche de la gauche à évoquer, au-delà d'utiles signaux d'alerte, un autre modèle de société et de fonctionnement économique fondamental a tout de l'escroquerie intellectuelle. Cette prétention s'inscrit par ailleurs très bien dans un siècle d'histoire de mépris pour le peuple de la part de "l'avant-garde révolutionnaire" et même d'intellectuels moins radicaux.

Or -- pour aller un peu vite, j'ai d'autres trucs à dire --, une bonne partie du peuple n'aime pas trop ou plus trop qu'on le prenne pour des idiots à qui on peut raconter des sornettes encore longtemps. Donc, plus on le bassine avec cette escroquerie intellectuelle qu'il aimerait bien croire et croit par moments, dans la difficulté, plus le peuple, va voter Le Pen, par exemple, pour faire état de son exaspération qu'on continue de raconter des craques sans résoudre les problèmes. Ou, cette fois-ci, va voter avec un peu plus d'enthousiasme peut-être que ces derniers temps pour Ségo ou Sarko qui marquent tous deux enfin une évolution par rapport à la situation que je viens de décrire en matière de posture vis-à-vis du peuple.

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[Le grand méchant loup et l'ambition]

Bon, dans le cadre du roman misérabiliste et noir en écriture permanente par la gauche de la gauche, il faut des monstres, des personnes-symboles de l'oppression qu'on dénonce, et Nicolas Sarkozy a quelques travers qui facilitent son ciblage dans ce sens. Plus réalistement, ça a l'air d'être un type intelligent, ambitieux pour lui mais aussi pour le pays, et qui depuis 4 ans a semblé hausser son "niveau de jeu".

Notons en passant qu'une forte ambition, un fort sentiment qu'on est l'homme ou la femme de la situation semblent nécessaires pour parvenir au poste visé (sans doute le plus difficile du pays, hein, soyons clair). Des gens très bien comme Jacques Delors, qui avaient de sérieuses chances d'être choisi par les Français pour le poste, n'en avaient pas assez (d'ambition) pour subir tous les tracas qui vont avec cette quête.

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[L'émission de jeudi]

Venons-en à l'émission de jeudi sur France 2. Ta réaction est intéressante pour moi. Elle est similaire à celle de mon ami Antoine, avec qui j'ai regardé l'émission au sortir de notre Atelier Jazz du jeudi. Il était jusqu'ici un peu gêné que je manifeste mon intérêt pour Sarkozy, mais jeudi, 3 ou 4 fois pendant l'émission, il a dit avec intérêt, "Il est bon, là !". Et puis j'étais chez ma mère aujourd'hui, qui s'est toujours dit "centriste", et elle m'a dit, "Tu as vu Sarkozy jeudi, il était formidable !" .

De mon côté, c'est un poil le contraire, ha ha : moi qui le trouve plutôt bien depuis 4 ans (mais tout de même moins bien depuis novembre 2005, bien sûr), je lui ai trouvé de très bons moments, mais de bien lourds aussi. Il en fait malheureusement de trop sur la sécurité. Il a des propos fort justes sur le sujet, puis gâche à mes yeux le coup en devenant démago et en essayant juste de faire pleurer dans les chaumières. Il y a eu un témoignage d'une grande force de la part de George, entrepreneur noir de 30 ans, qui a raconté avec calme et intelligence le comportement délirant de la police vis-à-vis de lui et de son frère et Sarko n'a pas été vraiment à la hauteur ; il a assuré, mais à mon sens, un témoignage pareil doit être l'occasion pour un mec comme lui de monter d'un cran dans l'intelligence de la situation et du poste.

Je n'ai pas regardé toute l'émission, mais j'ai lu après qu'il avait ressorti la baisse de la TVA pour les restaurateurs, qui ne se justifie pas et a été défendue à l'aide d'une escroquerie intellectuelle (faire croire que la restau rapide paye la TVA à 5,5%, alors que dans tous les restaus, McDonald comme Fouquet, la TVA est à 19,6% quand on consomme sur place et à 5,5% quand on emporte).

Bon, il y a eu des annonces bienvenues, il y a eu une transition réussie pour montrer son côté plus cool et son assez grande sincérité dans ses convictions et ses propos, mais j'en demande un peu plus pour que ça emporte mon suffrage. Donc, pour l'instant -- "le temps et tous mes droits" -- et je regarderai certainement avec intérêt tout au long de la campagne du côté de Ségolène et de Bayrou, voire d'autres.

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[Conclusion provisoire : du leadership et du boulot]

La réalité qui fait son chemin dans la tête des Français,, je crois, c'est que nos vies quotidiennes ne changent pas tant en mieux ou en pire selon que c'est le PS ou l'UMP-UDF qui est au pouvoir, mais selon que la croissance économique est au rendez-vous ou pas. Il y a des nuances, bien sûr, mais elles ne sont pas essentielles. Il y a un besoin de changement, un besoin de leadership et de discours mobilisateurs qui insufflent de la confiance à la nation.

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Un dernier message pour ceux qui en seraient venus à en douter : le vote de chaque citoyen est le geste de base de la démocratie (on peut en faire plus que ça, bien sûr, mais le minimum syndical, c'est le vote). Ça n'est peut-être pas évident, mais refuser d'exercer ce droit et ce devoir, c'est favoriser l'affaiblissement de la démocratie et le risque d'un régime plus dur, voire dictatorial.