Ce qui n'a pas capté mon attention dans le one-man show de Sarko, (en plus du fait que mon agenda était très chargé ces jours-là) c'est que l'issue était connue d'avance vu qu'il était candidat unique. (Pas très démocratique ça ...)
Mais pour l'intérêt que l'on peut y porter, je trouve ça d'autant plus légitime que finalement il n'a fait que découvrir l'une des qualité majeure de la blogosphère (que nous mettons en pratique depuis pas mal de temps, toi le premier) : le pouvoir fédérateur de la synthèse !

Tu m'affirmes : "tu as très peu le sens du politique" : comme j'ai déjà bcp de casquettes (vidéaste, graphiste, chercheur "émérite", psy de quartier, joueur de balafon, producteur défroqué, chauffeur, concepteur d'androïde etc. etc. ) pour rien au monde je ne pourrais prétendre être un bon praticien politologue ... Chacun son job (et les souris seront bien gardées).

Les Situationnistes & Louis Pasteur, après les Surréalistes & S. Freud (entre autres) n'ont jamais été totalement en marge du politique. Ce que l'on croit contingent reste souvent consubstantiel ... c'est physique : la "marge" (frottements, déperdition calorifique), est devenue la masse (énergétique).
J'irais plus loin : De tout temps le rayonnement culturel (Arts & Sciences) ne fut pas à la remorque, mais le fer de lance. Le "Yaka", il ne connaît pas. Il émane, au delà des aléas sociaux et géopolitiques, de la force collective.

En effet "ce qui doit être fait pour maintenir la cohésion d'une société [...] presque toujours de l'ordre du dilemme" : ça rejoint la fascination des carrefours que je décrivais. Et cela souligne le caractère crucial de l'esprit de synthèse.

Mais la seule façon de sortir du dilemme (ce tiraillement un peu gênant, si ce n'est douloureux) c'est de trancher de tps en tps : autrement dit de simplifier l'ambigu en univoque. Non sans plan architectural ...
D'où mon incompréhension face au peu de cas que tu ferais de la simplicité -condition sine qua non de la démocratie, pourtant (cf. Constitution Europe - et l'appel d'air, retombé comme un soufflet, par trop d'indifférence, de pusillanimité funeste, = indicateur de vanité sans doute, de part et d'autre chez les protagonistes) .

La Mac doit son succès face au PC parce que l'ergonomie a été travaillée en heures sups, après l'interactivité mise au point dans tout OS ...
cf. les "évidences simplettes" ... Je dirais plutôt la simplitude rendue à l'évidence (la simplicité est garante d'universalité, sans pour autant trahir l'élan seminal) ...

Mais, entre la complexité quasi chaotique (vecteur anarchisant, qu'il soit technocratique, ou "participatif"), et le travail réducteur souvent manichéen (généralement conflictuel, cf. les luttes binaires que tu abhorres) il y a la gestation, dans le liquide chaud, presque silencieux, de la matrice ...

Lorsque le cerveau sort de l'état d'éveil {ondes alpha} propre à la réflexion (avec son lot d'émotions - qui ne te sont pas inconnues, et de sentiments - dont tu ne saurais être dépourvu), il a le choix entre le sommeil {ondes"bêta"}, ou les ondes gamma (méditation bouddhiste, contemplation / création artistique etc.)

Parfois
la réalité (vaste programme !)
dépasse (vavavoum!)
la fiction (zone protégée, espace naturel, parc dédié à l'imagination, vastes gammes pros ...)

Parfois non. (La réalité ne dépasse pas ... Elle reste à sa place ... Comme DSK ... )

En revanche, ce que tu prends pour du spectaculaire, ce moment de dimanche dernier, est parmi les moments normaux en démocratie représentative, ces temps où parmi les représentants de la Nation, certains se détachent en ayant réussi une synthèse porteuse de ce que ressent le pays et de ce dont il a besoin.

Ce qu'on peut constater, c'est que Sarkozy a pris maintenant un temps d'avance sur ce plan. Ségolène Royal a déjà fait un bout du chemin dans ce sens, mais pourra-t-elle aller plus loin alors que la sauce semble mal prendre entre elle et le PS ? A titre secondaire, je suis tout de même déçu que DSK n'ait finalement apparemment pas l'étoffe pour ce rôle éminent.

Si le pays est tout de même demandeur de Sarko et de Ségo, même si bien des gens comme toi réagissent à contre-pied, c'est qu'il est tout de même un peu trop tôt pour la "démocratie participative" poussée, contrairement à ce que tu penses. Le peuple est dérouté, sur la défensive, encore baigné dans la logique de la "lutte des classes" pour un bon nombre... Quand on lui donne la parole, il ne sait pratiquement qu'annoner des évidences simplettes qui ne font pas de la politique, même si elles traduisent une compassion non négligeable pour les autres et pour soi.

C'est avec des opérations comme les tentes du canal Saint-Martin et du "Ministère de la crise du logement", par exemple, qu'on est à fond dans le spectaculaire et plus du tout dans le politique.

Et si tu me permets, c'est parce qu'il me semble que tu as très peu le sens du politique, précisément (mais il est vrai que cette carence est désormais très répandue), que nous ne pouvons pas beaucoup discuter.

Pour le reste je vois que tu es à fond dedans, dans le spectaculaire (comme bcp) en politique ... Je n'ai pas eu le coeur d'assister (même par media interposé) à cette onéreuse grand'messe ... Tout le monde parle de Guy Debord, mais peu l'ont vraiment lu : j'ai trouvé le moyen de m'y plongé avec le DVD publié par MK2 ... Edifiant ! (pourtant la télé n'existait pas quand il a écrit ça ...)

Je voulais remercier Jean-Marc/Omeg pour sa réponse fort argumentée et, disons, "colorée", à ma question d'il y a quelque temps sur son positionnement "extrême-centre".

Demander aussi à mon cher camarade débatteur Foxy de m'excuser de ne plus lui donner la réplique. Une petite réponse tout de même : le pouvoir est déjà au peuple depuis 2-3 décennies -- comme je l'ai écrit ici plusieurs fois --, mais il ne sait pas trop quoi en faire et donc perpétue surtout pour l'instant la mise en scène de sa servitude passée. Soyons positifs et disons que l'arrivée sur le devant de la scène de Ségolène Royal marque enfin la fin de cette période préliminaire et l'envie de faire quelque chose de ce pouvoir.

Dimanche, sur LCP -- la chaîne vraiment publique et politique d'aujourd'hui, à regarder régulièrement --, on a pu voir et entendre un grand discours politique de Nicolas Sarkozy. Moi personnellement, j'avais les larmes au yeux par moments et je n'étais pas le seul. Le hic, c'est qu'il a fait vraiment beaucoup de promesses dont on voit mal comment on pourrait les tenir toutes en 5 ans. M'enfin, c'est tout de même revigorant, comme le notait YM. À voir si Marie-Ségolène va se hisser à ce niveau.

Enfin, je vous copie une contribution que j'ai écrite il y a quelques jours, le 11 janvier, sur le blog du "Ministère de la crise du logement" (!).

oOo

[...]

Dans tous les problèmes que connaît la France actuellement, on ne s'en tirera pas en jouant majoritairement la défense, en confortant les peurs croissantes des citoyens dans tous les domaines, en peignant la réalité en hyper-noir comme le font les généreux activistes dont le "logiciel" est malheureusement d'un autre temps.

On résoudra les problèmes si l'orientation positive donnée par les politiques, les associations, tous ceux qui veulent contribuer est majoritaire dans le discours sur la réalité actuelle. Il faut donner envie. C'est en donnant envie qu'on mobilise les forces. Les actions de type "rapport de force" sont peut-être utiles dans des cas limites minoritaires, mais tout de même d'un autre âge.

Sur les problèmes de logement, on identifie mal les vrais problèmes et on cède au "pathos" tous azimuts, qui ne donnera évidemment rien, sauf que de plus en plus de Français exigeront et trouveront normal qu'on rase et qu'on loge gratis ou peu s'en faut.

En réalité, les prix immobiliers d'aujourd'hui sont moins élevés qu'en 1980, lorsque j'ai pris mon premier studio à Belleville. C'était grand (30 m2), assez bien foutu mais sans plus dans un quartier plutôt populaire, je payais au début 2300 francs par mois et le SMIC était à... 2300 francs par mois !! (Mon premier boulot d'interprète en anglais était bien payé, autour de 7000 francs, mais c'était des missions à durée limitée, autant dire que j'ai tout de suite été éduqué à la précarité et à faire face.)

Un studio, rue de Belleville, valait l'équivalent de 1200 euros, les enfants !! ouvrez les yeux, c'est assez nettement moins cher aujourd'hui et regardez les séries chiffrées comme celle-ci : http://www.insee.fr/fr/indicateur/smic.htm">http://www.insee.fr/fr/indicateur/smic.htm La différence, c'est qu'on était beaucoup moins déprimés qu'aujourd'hui, qu'on ne voyait pas tout en noir, notamment sous les coups de boutoir incessants du discours catastrophiste et souvent erroné de la "gauche de la gauche". D'ailleurs, il a suffi de 7 ans pour que le SMIC *double* (1987). Alors que là, 20 ans plus tard, il n'a pas encore tout à fait doublé par rapport à 1987 !

En 1987, cofondateur de société, je gagnais la confortable somme de 30000 francs. Aujourd'hui, j'ai du mal à gagner la même chose. Le prix de vente du mot en traduction n'a pas bougé depuis 20 ans car la mondialisation est passée par là. Bref, il a fallu être très courageux ces dernières années comme traducteur indépendant précaire à 200% (rien de garanti à chaque début de mois) pour survivre et retrouver la pèche. Chacun son cas particulier, mais on ne s'en tirera évidemment pas, pour l'immobilier comme pour le reste si l'humeur du pays ne vire pas un peu plus à l'optimisme, au courage individuel, aux efforts.

Si Ségo et Sarko ont du succès aujourd'hui, c'est parce que ce sont les seuls à essayer de positiver, de donner envie.

Ceux qui leur crachent dessus n'ont rien compris à ce moment politique et "font plus partie du problème que de la solution". Allez, réveillez-vous, vous êtes généreux, vous avez de la vertu politique, il faut "juste" l'orienter dans le bon sens en étant intellectuellement rigoureux et philosophiquement optimistes !

Lionel

@ Léonard (cf. "le pouvoir démocratique sur les épaules d'une seule personne dévie obligatoirement sur une espèce de profit pour soi-même.")

C'est clair, 60 millions de personnes ne se dirigent pas comme ça, d'un simple geste de la main, et c'est pour cette raison qu'il faut changer les mentalités et le système politique. Le système suisse n'est pas la panacée mais il constitue peut-être le moindre mal")
Suggestion valable : l'utopie existe peut être déjà, plus ou moins, de l'autre côté de nos frontières ...

& @ Lolo : ("Le "Pouvoir au Peuple" ! Déjà c'est très con comme expression ! autant laisser des milliers de branleurs de mon quartier décider de comment doit fonctionner une entreprise compliquée à gérer, on sera bien barrés")

Justement c'est depuis que les gouvernements se prennent pour des conseils d'administration d'entreprises, que le discrédit est notable pour la classe politique : parce que leur Société Pas Anonyme, elle a déjà bcp pris l'eau (cf. la dette et les agios, de l'Etat).
De plus le "pouvoir" institutionnel est aujourd'hui relativement faible par rapport aux pressions (quasi anarchiques) des holdings démultipliés, trust en tout genre, lobbies tenaces, et autres plans économiques en interférences ...

De toute façon, ce n'est pas le rôle des décideurs de faire de la comptabilité, c'est celui des comptables.

Autrement, c'est la folie ... (NB: Les fous sont ceux qui prétendent voir des choses différentes de ce que voit la majorité des autres).

La folie c'est quand le délire de quelques uns finit par pénétrer au fond des esprits de tous, par automatisme... (Exemples [en plus de la remarque de Lolo :-o ] : les chanteuses qui parlent de la "visibilité" de leur "produit" au lieu de causer littérature ... Ou les marins qui expliquent leur "rendement", au lieu de porter secours aux naufragés ...)

Les branleurs ne sont pas tjrs où l'on croit ...
Que vaut-il mieux : Prévoir de ne rien faire, ou ne pas prévoir de faire ?

"Power to the people !" : John Lennon n'était rien qu'un poète (mais il faisait parti d'un groupe pop). Pop = populaire. Pas (encore) "people", mais pour et par le peuple.

De Gaule aussi était homme de lettres (mais aussi un simple Général : or le pouvoir du peuple sans aucun doute est dans son armée, son bras armé) ; et il fut le (1er) président français élu après avoir instauré lui-même le suffrage universel (:pop).

"Le pouvoir au peuple" : cela signifie que les intérêts communs passeront avant les intérêts particuliers. Et que les avantages des particuliers seraient le fruit de l'essor commun.
Mais attention : l'essor, l'épanouissement, le progrès sans doute, la survie peut-être, n'ont pas forcément besoin d'être calibrés en devises ...
Les lois (parce qu'au bout du compte, ça serait surtout ça leur job, aux politiciens ?) ne doivent plus être rédigées tjrs en plus, mais biffées en moins (autant que possible). Afin qu'on puisse s'y tenir ...

Ensuite on pourra s'occuper de réglementer avantageusement, de façon inédite, pour favoriser les 2 seules choses qui en valent la peine (si on parle de pouvoir) : la santé des individus et de leur environnement organique, et l'éducation multiple, protéiforme, du plus grand nombre (la clef de la croissance).

Encore une fois "Bonne année et bonne santé !" (c'est un slogan politique )