@ YM : Oui, sans problème, je te suis sur nos racines sudistes et pour dire que c'est aussi à ce titre qu'une telle initiative -- si elle aboutissait -- serait bienvenue. Le "Mare Nostrum", comme disait les Romains, "Notre Mer" (notre mère ) est le berceau de notre civilisation. Tous les fondements de cette dernière se trouvent sur les rives de la première : Palestine/Israël, la Grèce, Rome... Et à titre personnel, mes ancêtres, pareil, sur les 5 derniers siècles, ils ont été au Portugal, en Espagne, en Italie, en Tunisie et ont mêlé des individus provenant des deux rives de notre mer.

Comme je le mettais une fois sur mon blog :

« Cette douleur plantée en moi comme un coin, au centre de ma réalité la plus pure, à cet emplacement de la sensibilité où les deux mondes du corps et de l'esprit se rejoignent, je me suis appris à m'en distraire par l'effet d'une fausse suggestion. L'espace de cette minute que dure l'illumination d'un mensonge, je me fabrique une pensée d'évasion, je me jette sur une fausse piste indiquée par mon sang. Je ferme les yeux de mon intelligence, et laissant parler en moi l'informulé, je me donne l'illusion d'un système dont les termes m'échapperaient. Mais de cette minute d'erreur il me reste le sentiment d'avoir ravi à l'inconnu quelque chose de réel. Je crois à des conjurations spontanées. Sur les routes où mon sang m'entraîne il ne se peut pas qu'un jour je ne découvre une vérité. »

Votre attachement au transfert unique de référence signifie sans doute que vous y avez trouvé une aide importante, à la fois au plan pratique et intellectuel. Je m'en réjouis pour vous. Cela dit, autant les découvertes fondamentales de Freud sont "modernes" et solides, comme le dit YM, autant les dispositifs, les instances psychiques, tout ce qu'il y a autour de l'essentiel n'a de substance que parce que ça a été fétichisé par la collusion des analysants et des analysés, ha ha ! On projette et on transfère comme on respire, cher Monsieur, potentiellement sur tout ce qui bouge ! (= sur de nombreuses personnes de notre entourage) Si le regard analytique exercé est en éveil, il y a largement de quoi travailler.

Après, il faut s'entendre sur ce qu'on veut dire par "analyse". Il n'y a pas vraiment de fin au travail introspectif, mais il y a de plus en plus de clarté. Vous vous dites "Analysé", ce implique l'achèvement ; j'ai eu le sentiment d'avoir "fini" mon auto-analyse il y a 6 ans (comme je m'en suis expliqué ici) ; pour autant, il y aussi quelque chose qui continue. L'essentiel, c'est d'être largement au clair sur ce qui nous meut afin d'être maître de ses actes.

Vous m'enjoignez de goûter au transfert unique référentiel sans trop savoir si j'en ai besoin. Je n'en ai pas besoin sinon je l'aurais fait, dans la logique que vous indiquiez vous-même. Nous sommes à l'ère de l'homme autonome, j'essaye d'en être digne. Mon image de père, la "loi" présentée par mon père, mort à 77 ans en 2002 (entre les 2 tours -- il n'a pas supporté !), a été très forte, très exemplaire. C'est un homme à l'éthique assez admirable, grand médecin, doux, généreux et qui n'a jamais transigé sur les valeurs en lesquelles il croyait et qu'il nous a transmises. Mais nul n'est parfait : il manquait et je manquais du côté de l'image/modèle de virilité. Etc., si je continue ça va faire long ! Avec un père pareil et étant moi-même un sacré fils , j'essaye d'accomplir une vocation de "père universel", mais il y a du boulot ! Bref, merci, je n'ai plus besoin de transfert avec un analyste pour prendre la place de papa.