Si tu aimes Sylvain Luc yam, je te propose un docu video sur lui, assez interessant, ou il joue avec ses frangins, des potes, c'est tres sympa http://video.google.fr/videoplay?docid=2959200816825898639&q=sylvain+luc">Le Petit Geant

Merci aussi pour les morceaux de Sylvain Luc. Je n'ai écouté pour l'instant que ce qui m'attirait le plus, "Night in Tunisia", que j'aime jouer aussi. Est-ce que c'est la Godin dont tu me parlais l'autre jour sur laquelle il joue ici ? C'est virtuose et chaloupé à la fois, ça sonne vraiment bien, mais il faudrait voir à l'usage si ça me séduirait durablement ou pas. Là, vers la fin du morceau, je me suis surpris à penser momentanément à autre chose. Il y a certainement trop de notes à mon goût. La façon dont il combine accords et licks est vraiment bien foutue, mais il en fait trop et ça ne respire pas assez pour moi. Même pendant le solo de basse, il en fait trop, il masque à moitié le solo.

Est-ce qu'on avait écouté/parlé du disque de standards d'Antoine Hervé ensemble ? C'est une formule proche de trio (piano au lieu de guitare) et je trouve que cet excellent pianiste très expressif fait un meilleur traitement, plus aéré, probablement plus inspiré, que "Sud" ne fait de "Night in Tunisia". Tiens, en voici un exemple. Hervé joue avec les frères Moutin à la section rythmique et il s'agit du standard milesien http://lionel.lumbroso.free.fr/music/A-Hervé_Freddy-Freeloader.mp3">Freddy the Freeloader. Qu'en penses-tu ? Et comparativement ?

@ Yam vite fait : Tiens, j'ai du Bireli dans les oreilles en ce moment, justement ! Un de mes 2 disques de chevet en ce moment, c'est le dernier disque de la chanteuse américaine en France Sara Lazarus, "It's all right", avec le Gipsy Project de Bireli. Ils vont bien ensemble ces deux-là, ça arrache, c'est vraiment bien foutu.

Premier point. Tu as raison de dire que Nietzsche n'est pas concerné completement par la philosophie de l'Esprit, mais il l'est tout de meme dans une certaine mesure, puisque sa conception de la culture veut etre proche de la paideia (education) grecque, elle-meme centrée sur cette notion d'esprit. Et en cela il y a une analogie possible avec Hegel, car ils sont assez proches de ce point de vue là, dans le rapport entre pensée et culture : cette derniere forme l'esprit et me le fait connaitre. C'est de cette maniere que Nietzsche dresse a travers toute sa philosophie une "psychologie" des types de vie, en profondeur, qui explique des comportements specifiques. Comme tu le precises en citant cette formule que tu aimes, "le corps cette raison superieure", Nietzsche reconnait que l'Esprit en question est en realité le corps. C'est le corps qui pense et l'esprit n'est que l'instrument du corps. Il y a une pensée sur l'esprit en tant que corporel, c'est vrai, mais ça reste une pensée sur l'esprit, d'où la filiation de Nietzsche avec les grecs. Je ne crois pas que ce soit contestable, mais je peux me tromper.

Mon deuxieme point, c'est le rapport a la Grece, et la derive qui a été operée par les Nazis. La paideia grecque vise a donner a l'esprit une certaine forme : c'est la formation d'un type d'esprit specifiquement grec. L'importance de la forme est quelque chose de typiquement grec. Nietzsche, qui parle bien souvent de "dressage" de l'esprit a bien sur cela en tete. La Modernité veut rompre avec cette idée de la Forme de l'Esprit, pour aller vers son efficience pure et simple : c'est pour cela que dans les ecoles on vise plutot l'efficacité que le soucis d'un esprit bien formé (pour simplifier vite). Nietzsche est bien sur concient du tournant moderne, et veut operer un espece de "synthese" : globalement, il considere le coté "utile" de l'efficience de l'esprit mais, et c'est la toute son originalité et sa force, le coté artiste de cette efficience : il doit etre createur de formes. On retrouve bien ici la pensée que l'esprit est une force formatrice. D'où son inttention de "feconder le passé (retour aux grecs) pour engendrer l'avenir". Les grecs consideraient que cette fameuse forme que devait prendre l'esprit etait quasi-naturelle : c'etait une adequation a avoir par rapport au monde, afin de bien pouvoir diriger son existence en son sein. C'est precisement a cela que Nietzcshe fait reference quand il dit "Dieu est mort" : Dieu est mort, c'est a dire qu'il faut que les hommes se naturalisent et qu'ils cessent de tout anthropiser a travers leurs interpretations du reel, car elle manquent toutes l'Etre. Car l'idée de Dieu, qui est une fiction humaine selon Nietzcshe, amene l'homme a comprendre le monde vis-a-vis de lui-meme, ce qui est un non sens total. C'est pour ça que toi meme, Nebo, note l'importance de ce retour "vers le tellurique". Fin de la parenthese sur Dieu, qui ne doit pas etre considerée je pense comme un simple cri d'atheisme (qu'est-ce que tu en penses?)